Fin de la prise d'otage à la Federal Bank de Hamra, le suspect évacué, tous les employés relâchés
Après des heures et des heures d'âpres négociations, une prise d'otage à la Federal Bank située à Hamra a pris fin peu après 18h, jeudi.
Le suspect, un client qui réclamait de récupérer son épargne, a été évacué par la police, suite à un accord qui a permis également la libération de tous les employés, sans qu'aucun blessé ne soit signalé. Un incident qui intervient dans un Liban en plein effondrement économique depuis 2019, alors que cette crise se caractérise par des restrictions bancaires aussi drastiques qu'illégales.
Selon des médias locaux, le preneur d'otage, Bassam S. H, a accepté de relâcher les employés et clients qu'il retenait depuis la matinée, après un engagement de la banque à lui reverser une partie du montant total de son épargne. Selon la chaîne LBCI, ce montant s'élève à 35.000 dollars.
Les négociations se sont déroulées dans une ambiance tendue, face à un déploiement policier et militaire massif, et alors que des dizaines de personnes s'étaient rassemblées devant la banque en réponse à un appel de l'association ''Cri des déposants'', en solidarité avec le preneur d'otages.
Tous les otages libérés Peu avant 18h, le preneur d'otage a accepté de relâcher les clients qui se trouvaient encore dans la banque. Les employés ont ensuite été libérés un à un et évacués dans des véhicules civils de la police. Le suspect a été le dernier à être évacué des lieux dans un fourgon de la police et emmené vers un endroit inconnu. Il n'était toujours pas clair, hier soir, s'il serait en état d'arrestation à l'issue de cette affaire, mais selon notre journaliste sur place, Mohammad Yassine, Bassam S. H. n'était pas menotté à sa sortie et a salué la foule.
Selon plusieurs médias locaux, le preneur d'otage avait aspergé en début de journée les locaux d'essence en menaçant de tout incendier si les responsables ne lui remettaient pas son épargne de plus de 200.000 dollars.
S'exprimant devant les journalistes présents, le frère du preneur d'otage a affirmé, jeudi en matinée, que celui-ci avait tenté au préalable de retirer son argent à maintes reprises, mais en vain. "Mon frère dispose de 210.000 dollars, et veut retirer toute cette somme. Il n'est pas entré armé dans la banque, mais a saisi une arme qui se trouvait sur place. Il porte toutefois de l'essence et est prêt à s'immoler par le feu ou à mettre le feu à la banque si ses revendications ne sont pas satisfaites (...) Notre père est hospitalisé, et j'ai dû m'endetter pour payer les frais médicaux".
En milieu d'après-midi, depuis une fenêtre, des militaires sont entrés en contact avec les personnes prises en otage et leur ont donné des bouteilles d'eau.
Des avocats de l'Union des déposants se sont également rassemblés en journée devant la Federal Bank en soutien au preneur d'otage. Une porte-parole de l'Union, l'avocate Dina Abou Zour, a déclaré à notre publication anglophone L'Orient Today que l'association est "généralement contre les personnes qui se font justice par elles-mêmes". Elle a toutefois dit comprendre ce genre de comportement, face à "l'inaction de certaines instances judiciaires". L'avocate s'est également déclarée "prête à défendre tout déposant qui exerce son droit légal de recouvrer ses droits, sans mettre en danger la sécurité d'autrui".
Elle a ajouté que le preneur d'otages avait signé la circulaire 152 de la Banque du Liban, conformément à laquelle il recevait une allocation mensuelle de 400 dollars, en dollars frais, et 400 dollars au taux de Sayrafa fixé par la Banque centrale. Cependant, Bassam S.H. s'est vu refuser ces paiements au cours des deux derniers mois, sans raison claire, selon l'avocate. En plus des besoins médicaux du père du preneur d'otage, le fils de ce dernier a également besoin de soins. Des frais que le déposant n'arrive pas à régler, en plus de remboursements de prêts qu'il avait contractés.
En janvier dernier, un client en colère avait pris en otage des dizaines d'employés et de personnes présentes dans une banque de la Békaa qui refusait de lui verser ses économies en dollars. L'homme, qui avait finalement obtenu gain de cause, s'était rendu aux forces de l'ordre, sans qu'aucune victime ne soit signalée.
Depuis le début de la crise économique au Liban en 2019, les banques ont imposé des restrictions sur les retraits en devises et ont empêché les transferts d'argent à l'étranger. Ces mesures ont limité l'accès aux comptes, notamment en dollars américains, et les accrochages entre des clients en colère voulant retirer leurs économies et des employés qui adhèrent aux instructions de leurs administrations sont devenus plus fréquents.