Forum Chine-Afrique : Pékin réaffirme son influence tout en naviguant entre critiques et opportunités
Le neuvième Forum sur la coopération sino-africaine (Focac), qui se déroule du 4 au 6 septembre à Pékin, attire des dizaines de dirigeants et de délégations africaines dans un contexte où la Chine tente de redéfinir son image sur le continent.
Accusée d’exploiter les ressources minières de l'Afrique, Pékin utilise cet événement pour se présenter comme un rempart contre l'influence occidentale, une stratégie mise en lumière par Emmanuel Véron, spécialiste de la Chine contemporaine.
Ce forum est présenté par les autorités chinoises comme un événement diplomatique majeur, le plus important organisé à Pékin depuis le début de la pandémie de Covid-19.
La Chine, en tant que premier partenaire commercial et principal bailleur de fonds pour l'Afrique, cherche à renforcer les liens avec le continent, souvent perçu comme un vecteur de modernisation. Toutefois, ce partenariat n’est pas exempt de critiques.
Les accusations d'accaparement des matières premières, notamment en République démocratique du Congo, soulèvent des questions sur la durabilité et l'éthique des relations sino-africaines.
Une relation complexe
Emmanuel Véron souligne que le Focac a été institué pour formaliser la politique chinoise à l'égard de l'Afrique, un projet qui remonte aux années 1950 avec Mao Zedong. Pour Pékin, cette initiative vise principalement à séduire les pays en développement et à s'imposer comme le leader du "Sud global" sur la scène internationale.
En plus de promouvoir l'image de la Chine, cette politique permet également d'obtenir un soutien crucial lors des votes à l'ONU, notamment sur des questions sensibles comme celle de Taiwan.
Au fil des deux dernières décennies, le Focac a été perçu par de nombreux pays africains comme un modèle d'engagement pour leur développement. Cependant, cette perception a évolué. Les critiques se multiplient concernant la "politique prédatrice" de la Chine, qui exploite intensément les matières premières africaines, des minerais aux produits agricoles en passant par les bois précieux.
Les limites du modèle chinois
Les projets d'infrastructure chinois, longtemps considérés comme des vitrines de l'engagement chinois en Afrique, montrent également leurs limites. Financer des projets pharaoniques par des prêts chinois a non seulement accru la dette de plusieurs pays africains, mais a aussi soulevé des préoccupations quant à la viabilité et à l'impact réel de ces initiatives sur le développement durable du continent.
En conclusion, le Forum Chine-Afrique de cette année représente une opportunité pour Pékin de réaffirmer son rôle sur le continent tout en gérant les critiques croissantes sur sa politique économique.
En se posant comme un contrepoids à l'influence occidentale, la Chine cherche à "sanctuariser ses approvisionnements", mais devra également naviguer dans un paysage politique africain de plus en plus complexe et exigeant.