France-Algérie : L’argent de la nomenklatura, un secret explosif
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Les comptes cachés de la nomenklatura algérienne en France : un sujet tabou qui alimente les tensions diplomatiques. Jusqu’où ira l’escalade ?
Les relations diplomatiques entre la France et l'Algérie traversent une période de tensions accrues, exacerbées par des décisions politiques et des mesures réciproques.
Le 5 novembre 2024, l'Algérie a suspendu les opérations d'importation et d'exportation avec la France. Cette décision fait suite à la reconnaissance par le président Emmanuel Macron, en juillet 2024, de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, un geste qui a profondément irrité Alger. Les autorités algériennes ont ordonné aux banques de cesser les domiciliations d'importation en provenance de France et les opérations d'exportation vers ce pays. Les transactions dont l'embarquement avait eu lieu avant le 4 novembre ont été exemptées de cette mesure.
Parallèlement, le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé en janvier 2025 son intention de supprimer un accord bilatéral de 2013. Cet accord permettait à certains dignitaires algériens de se rendre en France sans visa grâce à des passeports diplomatiques. Cette mesure vise à restreindre les facilités accordées à la nomenklatura algérienne, dans un contexte où les relations entre les deux pays sont déjà fragilisées.
Les échanges verbaux entre responsables des deux nations se sont intensifiés. Le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a critiqué l'Algérie, affirmant qu'elle cherchait à "humilier la France". En réponse, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a qualifié les propos de Retailleau de "douteux", alimentant ainsi une escalade verbale entre les deux gouvernements.
La question des avoirs détenus par des responsables algériens en France est également au cœur des discussions. Dévoiler les comptes bancaires de la nomenklatura algérienne pourrait être perçu comme une déclaration de guerre symbolique, une action que ni Paris ni Alger ne souhaitent entreprendre. Néanmoins, des efforts de coopération judiciaire sont en cours pour traiter des affaires de biens mal acquis, bien que ces procédures soient complexes et longues.
Ces développements illustrent la fragilité des relations franco-algériennes, marquées par des décisions politiques sensibles et des mesures de rétorsion mutuelles. La situation nécessite des négociations diplomatiques délicates pour éviter une détérioration supplémentaire des liens entre les deux pays.