France : manque de médecin généraliste dans les campagnes
"Le seul médecin du village est parti à la retraite au 1er mai 2021. Depuis cette date, il n’y a plus de généraliste à Vert-le-Grand", explique Olivier Josse, maire adjoint de cette commune paisible, qui met en avant "le calme de la campagne".
Malgré "2.500 annonces" tous supports confondus, en dépit du bassin de population, de la proximité des universités et même de la capitale (50 minutes via l'A6), le maire Thierry Marais se dit "désarmé". "Il n’est pas nécessaire d’être au fin fond de la Lozère" pour avoir "ce type de soucis", abonde M. Josse.
"Chacun se débrouille par le biais de Doctolib, des hôpitaux ou des cliniques. Nous, on essaie d’accompagner au mieux les personnes âgées (10% de la population).
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On va même jusqu’à les véhiculer à leurs rendez-vous et la pharmacienne nous aide bien grâce à l’installation de sa cabine de téléconsultation", raconte le maire.
Médecin à Bruyères-le-Châtel, une commune voisine, Patrick le Fur souligne que "ça fait pratiquement 30 ans que le problème est soulevé par la profession médicale en Ile-de-France". Et il n'est guère optimiste pour les années à venir: "le problème qui se pose à présent, c’est qu’il y a une urbanisation et des coûts de vie importants.
Les jeunes médecins le savent, l’interne que j’ai actuellement a le projet de s’installer à Clermont-Ferrand…"
Ces choix pèsent sur le nombre de Zones d’intervention prioritaire (ZIP), où la proportion de médecins généralistes est déficitaire. "L'Ile-de-France est passée de 37% de sa population qui vit dans des ZIP en 2018 à 62% aujourd’hui, alors qu'en France c’est plutôt 30% (contre 18% en 2018)", souligne Sophie Martinon, directrice générale adjointe de l’Agence régionale de santé (ARS) Île-de-France.
Les problèmes ont été identifiés: faible recrutement, exigence des jeunes médecins et forte concurrence entre les communes.
L'ARS tente d'enrayer le phénomène en mettant "plus de 20 millions d’euros chaque année sur la table pour accompagner, faciliter, favoriser l’installation des médecins libéraux" en IdF, indique Mme Martinon.
"Nous développons aussi un axe de financement pour les internes et les étudiants en médecine. On paye une partie de leurs études et on les soutient à hauteur de 1.200 euros par mois avec pour contrepartie de s’installer ensuite dans une zone déficitaire, le nombre d’années pendant lesquelles on les a aidés", explique Pierre Ouanhnon, directeur adjoint de l’offre de soins (DOS) à l’ARS.
L'ARS dit également "travailler sur tous les médecins diplômés depuis 10 ans en Île-de-France". "Pour ceux qui ne sont pas installés ou ceux qui n’ont pas encore choisi leur modalité d’exercice (par exemple les remplaçants), on va chercher à les aider, et s’ils ont un projet d’installation en Île-de-France, leur proposer des structures potentielles d’accueil", avance M. Ouanhnon.
Les déserts médicaux pourraient bénéficier de l'année supplémentaire d'études, dite de "consolidation", que les futurs généralistes effectueraient hors de l’hôpital et "en priorité dans des zones sous-dotées", selon un projet du ministère de la Santé.
Une bonne solution selon certains patients, comme Julie Blatanis, 42 ans, assistante maternelle à Vert-le-Grand, qui consulte un médecin en dehors de la commune.
"Si les médecins peuvent finir leurs études dans des petites villes pour voir au plus près le métier déjà, je pense que c’est une très bonne idée", lance-t-elle. Reste à savoir si les futurs généralistes seront sur la même longueur d’onde selon France 24 .