Pédocriminalité dans l'église en France : 11 évêques mis en cause
Onze évêques ou anciens évêques ont été mis en cause devant la justice civile ou canonique, a dévoilé l'archevêque Eric de Moulins-Beaufort.
Il s'est exprimé lors d'une conférence de presse organisée ce lundi pendant la Conférence des Evêques de France (CEF), qui se tient à Lourdes.
Il a dévoilé les circonstances dans lesquels plusieurs évêques ont été mis en cause dans des affaires de pédocriminalité et de violences sexuelles.
Selon Eric de Moulins-Beaufort, "il y a aujourd’hui six cas d’évêques qui ont été mis en cause devant la justice de notre pays ou devant la justice canonique [droit de l'Eglise, ndlr]".
Deux autres évêques, qui ne sont plus en fonction, "font l’objet d’enquêtes aujourd’hui de la part de la justice de notre pays après des signalements faits par un évêque et d’une procédure canonique".
D'après le président de la CEF, un neuvième évêque "fait l’objet d’un signalement au procureur, auquel aucune réponse n’a été donnée à ce jour et a reçu du Saint-Siège des mesures de restriction de son ministère".
Un ancien président de la CEF avoue les faits
Un dixième évêque, et pas des moindres, a également été mis en cause : il s'agit du cardinal Ricard, ancien président de la conférence des évêques de France.
"Il y a 35 ans, alors que j’étais curé, je me suis conduit de façon répréhensible avec une jeune fille de 14 ans. Mon comportement a nécessairement causé chez cette personne des conséquences graves et durables", affirme la lettre du cardinal Ricard, lue par Eric de Moulins-Beaufort lors de sa conférence de presse. L'ancien évêque de Bordeaux de 2001 à 2019 a demandé "pardon".
Ce cas a fait l'objet d'un signalement auprès de la justice, a précisé le président de la Conférence des évêques, après avoir lu ce courrier.
Dès ce mercredi, le parquet de Marseille, ville où le cardinal Ricard avait exercé son ministère dans les années 80, a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire.
Secousses dans l'Eglise et le monde associatif
Les réactions à ces révélations ne se sont pas fait attendre. Olivier Savignac, président du collectif de victimes Parler et revivre, s'est dit "secoué par les révélations".
"Il y a beaucoup de choses cachées. Combien vont encore sortir?", a questionné le président du collectif, qui regrette que "l'Eglise ne réagisse qu'une fois au pied du mur".
La Présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France, a fait part au magazine La Vie d'un "intense [...] sentiment de trahison".
L'actuel archevêque de Bordeaux Jean-Paul James, qui remplace Jean-Pierre Ricard depuis 2019, a exprimé sa "grande compassion à la personne victime concernée".
Le diocèse de Marseille a quant à lui pris "acte avec peine et douleur des faits rapportés". Le pape François, interrogé sur la question des violences sexuelles le 6 novembre avant les révélations d'Eric de Moulins-Beaufort, avait jugé que l'Eglise "avançait" sur "le problème des abus".
Impossible cependant de savoir s'il était déjà au courant des abus qu'a listé le président de la CEF". Selon LaDepeche.