France - Espagne : record d'audience pour un match de gala entre des influenceurs
Les Bleus se sont imposés sur le score de (2-0) contre l'Espagne lors du match de football entre influenceurs organisé par le streamer Amine ce samedi soir.
Réussite totale, de par son audience record sur Twitch autant que par le résultat sur le terrain.
Cette victoire signe un nouveau chapitre dans la grande histoire de la rivalité sur Internet entre la France et l'Espagne ayant pris une énorme ampleur ces derniers mois.
Un nouveau record d'audience
"La rencontre a connu un retentissement impressionnant : à son pic, le stream d'Amine, qui retransmettait l'événement en direct sur Twitch, a rassemblé 1 150 000 spectateurs, record absolu en français sur la plateforme.
Sur le terrain, les joueurs ont vraiment donné corps à cette joute nationale, bien aidé par les 20 000 spectateurs présents (dont un petit kop hispanique) dans l'enceinte parisienne, où les chants en faveur des Bleus d'un soir ont retenti quasi sans temps mort pendant 90 minutes.
Les spectateurs ont eu des raisons de donner la voix : pourtant d'une intensité physique assez faible, l'opposition s'est révélée âpre. « C'est énergique parce que c'est France-Espagne, résumait Zack Nani à la mi-temps.
Ils ont beaucoup parlé, ils nous ont beaucoup chauffé, on a répondu. Ça se ressent sur les duels. » Ils n'avaient pourtant pas le moindre enjeu, mais chacun se devait de préserver son honneur : avant le coup d'envoi, des joueurs de la sélection espagnole, menée par le youtubeur Mario Alonso « DjMaRiiO », plaisantaient sur leur peur de « ne pas pouvoir rentrer à la maison » en cas de défaite.
« Un adversaire naturel »
Lors de la conférence de presse de veille du match, réunissant les deux capitaines d'un soir devant la presse, le ton avait déjà été posé.
« J'ai juste une question, s'était enquis DjMaRiiO. L'arbitre de demain, il est de quelle nationalité ? » « Il est français, avait reconnu Amine dans un éclat de rire. Mais il est formé par la FFF, très sérieux et impartial, il n'y aura aucun souci. Et dans tous les cas, il y aura un arbitre VAR."
« Et l'arbitre dans le camion VAR, il est de quelle nationalité ? » « Euh... Basque ! »
Dans cet avant-match, les deux camps n'avaient eu de cesse de se charrier, se renvoyant l'étiquette de favori.
« Je ne dirais pas que ce sont les ennemis de l'Internet français, ça reste bon enfant, mais c'est un adversaire naturel, avait expliqué Amine. Il y a eu la Pixel War récemment mais même avant, sur les jeux esport, il y avait une rivalité entre les deux pays. En plus, c'est un pays frontalier, on est deux gros pays de football, c'était normal de les affronter. »
Une rivalité transmise du sport à l'esport
"Exacerbée dans le monde de l'esport et du streaming, cette rivalité est aussi indirectement héritée des sports collectifs, où les affrontements France-Espagne ont contribué à façonner l'imaginaire de toute une génération.
Que ce soit au basket, où le discours de Tony Parker en demi-finales de l'Euro 2013 est resté dans les mémoires, mais aussi, évidemment, au football, l'objet de tous les débats du soir.
« On n'a pas oublié le crochet de Zidane sur Puyol (en huitièmes de la Coupe du monde 2006) », soufflait Amine avant la rencontre.
Mais si la France du sport a d'autres ennemis héréditaires, comme l'Angleterre ou l'Allemagne, celle d'Internet a clairement désigné l'Espagne comme son souffre-douleur préférentiel.
Depuis toujours ou presque, le torchon brûle entre les deux pays, qui comptent parmi les plus grosses bases de gamers en Europe.
Au début des années 2010, déjà, les communautés s'affrontaient sur Minecraft, dans des évènements souvent houleux et sujets aux polémiques.
Depuis, la rivalité s'est déportée sur les réseaux sociaux, dont Twitter, et dans l'esport, notamment sur League of Legends, où les équipes des deux pays se tirent la bourre".
La Pixel War en toile de fond
"Deux personnalités en particulier cristallisent cet antagonisme sur les deux dernières années : Kamel « Kameto » Kebir, de notre côté des Pyrénées, et Ibai Llanos, de l'autre.
Tous deux streamers aux immenses communautés (1,5 millions de followers sur Twitch pour l'un, 12 millions pour l'autre), ils ont récemment fondé leurs clubs d'esport, la Karmine Corp et KOI et organisé entre eux des affrontements amicaux devant des salles combles au Palau Sant Jordi de Barcelone (17 000 places) et au Carrousel du Louvre de Paris (1 000 places écoulées en 30 secondes).
Surtout, les deux influenceurs ont été les généraux de la Pixel War, un évènement au cours duquel des internautes du monde entier ont bataillé pour dessiner une fresque numérique, en avril dernier, et qui a généré un énorme engagement.
En toute logique, les chefs de troupe étaient les « sélectionneurs » de cette revanche à Jean-Bouin. Leurs consignes ont toutefois probablement eu du mal à être entendues par les joueurs sur la pelouse, tant le public, très jeune, a donné de la voix, particulièrement lors des deux buts de la rencontre, signés Sacha Borg (26e), d'une jolie tête décroisée, puis Bruce Grannec (76e).
Follement acclamés, les deux vidéastes se sont offerts un shoot d'adrénaline dont il se souviendront toute leur vie et ont permis d'infliger une derrota méritée aux Espagnols. Une de plus. Selon L'Equipe.