France: la polémique qui touche la ministre de l'Education nationale .. Ce qui l'on sait (Infographie)
Après des révélations de Mediapart vendredi, la ministre a tenté de se justifier en évoquant sa "frustration" devant "les paquets d'heures" d'enseignement non remplacées lors des absences de professeurs dans l'école publique parisienne où ses enfants étai
Apeine nommée ministre de l'Education nationale, Amélie Oudéa-Castéra est vivement critiquée, depuis vendredi 12 janvier, pour sa décision de transférer ses enfants d'un établissement public vers le privé. Après des révélations de Mediapart, la membre du gouvernement de Gabriel Attal s'est justifiée en dénonçant "les paquets d'heures qui n'étaient pas sérieusement remplacées" dans une école publique du 6e arrondissement de Paris.
L'opposition et les syndicats d'enseignants n'ont pas tardé à fustiger ces déclarations. Franceinfo revient sur la première polémique qui touche le nouveau gouvernement.
Mediapart révèle qu'Amélie Oudéa-Castéra a transféré ses enfants du public au privé, à Paris
Mediapart a publié vendredi en milieu de journée un article à propos d'Amélie Oudéa-Castéra, promue la veille au soir ministre de l'Education nationale, en plus de son portefeuille aux Sports et aux Jeux de Paris 2024. Selon le site d'information, l'ancienne joueuse professionnelle de tennis, entré au gouvernement en 2022, a scolarisé ses trois enfants au collège-lycée Stanislas, après les avoir scolarisés à l'école publique Littré, située dans le très cossu 6e arrondissement de Paris.
L'établissement privé catholique est visé depuis février 2023 par une enquête administrative à propos d'accusations d'homophobie et de sexisme, qui avaient été évoquées par plusieurs médias, dont Mediapart et L'Express.
La ministre justifie sa décision en évoquant sa "frustration" face aux heures non remplacées
Dans la foulée, Amélie Oudéa-Castéra a répliqué aux révélations de Mediapart pour justifier ces transferts. Son fils Vincent "a commencé comme sa maman à l'école publique, celle de Littré. Et puis, [il y a eu] la frustration de ses parents". "Mon mari et moi (...) avons vu des paquets d'heures qui n'étaient pas sérieusement remplacées", a justifié la ministre devant la presse, lors d'une visite dans un collège des Yvelines
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"On en a eu marre, comme des centaines de milliers de familles", a-t-elle ajouté, évoquant un choix de "proximité". "Depuis, de manière continue, nous nous assurons que nos enfants sont non seulement bien formés, avec de l'exigence dans la maîtrise des savoirs fondamentaux, et qu'ils sont heureux et qu'ils sont épanouis, qu'ils ont des amis (...) qu'ils se sentent en sécurité, en confiance", a poursuivi la ministre, qui a également dénoncé un "procès d'intention" et des "attaques personnelles" après l'article de Mediapart.
Les syndicats d'enseignants et de parents d'élèves expriment leur mécontentement
Les propos de la nouvelle ministre de l'Education nationale ont immédiatement suscité un tollé auprès de la communauté éducative et de ses représentants. "Ce sont des propos provocateurs et scandaleux qui montrent certainement les limites d'une ministre qui, dès sa première sortie, réussit l'exploit de marquer un but contre son camp", a fustigé sur franceinfo Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré.
Moins véhément, le président du Snalc, autre syndicat du secondaire, "attend de la ministre qu'elle remédie à la crise d'attractivité qui crée ces semaines, mois, voire années non remplacées. Car désormais, elle a la responsabilité des enfants des autres, et non juste des siens", a déclaré Jean-Rémi Girard auprès du Figaro. "Maintenant qu'elle a dit ça, elle a plutôt intérêt à trouver une solution", a également estimé sur franceinfo Laurent Zameczkowski, porte-parole de la Peep, la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public.
L'opposition de gauche et d'extrême droite s'engouffre dans la polémique
Au-delà des syndicats, la contestation a pris un tournant plus politique, avec les récriminations des oppositions. "Sept ans qu'ils sont au pouvoir, sept ans qu'ils n'ont rien fait pour redresser l'école de la République. Et ils s'offusquent aujourd'hui du délabrement de l'enseignement public, comme s'ils n'en étaient pas responsables", s'est ainsi indignée sur X Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale.
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, a jugé sur le même réseau "hallucinants" les propos de la ministre, en les parodiant : "'L'école publique dont je suis désormais la ministre n'était pas assez bien pour mes enfants alors je les ai scolarisés dans un lycée privé dont les valeurs sont, selon les enquêtes qui y ont été réalisées, loin des valeurs républicaines'".
Le député de La France insoumise Rodrigo Arenas, ancien coprésident de la fédération de parents d'élèves FCPE, a pour sa part dit saisir le recteur de l'académie de Paris "pour vérifier les propos dénigrants de la ministre de l'Education nationale à propos de l'école Littré à Paris".
Le gouvernement évacue toute polémique et se félicite de son bilan
Interrogée sur France 2, samedi matin, la nouvelle porte-parole du gouvernement a voulu balayer l'affaire. "Il y aurait polémique si un membre du gouvernement en responsabilité posait un constat sans proposer de solutions", a affirmé Prisca Thévenot.
Or, si "15 millions d'heures" sont "perdues" chaque année en raison du non-remplacement de certains professeurs, "ce constat, nous avons été au-delà de le poser, nous y avons répondu", notamment avec le "doublement des heures remplacées pour les enseignants absents" .
La ministre "regrette" d'avoir pu "blesser certains enseignants"
Au lendemain de ses déclarations très critiquées, la ministre s'est exprimée. Amélie Oudéa-Castéra a annoncé samedi après-midi à l'AFP qu'elle "regrette" d'avoir pu "blesser certains enseignants" de l'école publique. Elle assure qu'elle sera "toujours" aux "côtés" de "l'école publique et de ses professeurs".
Ses propos ont suscité l'embarras jusqu'au sein de la majorité. "Il faut vite qu’elle rattrape le coup", s’agaçait auprès de franceinfo une ancienne ministre en milieu de journée. "Je ne comprends même pas qu'elle ne l'ait pas déjà fait." "Sa priorité, maintenant, ce doit être l'école publique et on ne l'a pas encore entendue", ajoutait un communicant du pouvoir, pas tout à fait surpris de cette première sortie : "Elle maîtrise mal le monde médiatique."