La France face à un défi de logement : Près de 400,000 logements nécessaires par an d'Ici 2030
Paris, 21 mai 2024 - La France devra construire près de 400,000 logements supplémentaires chaque année jusqu'en 2030 pour répondre à une demande croissante, selon une étude dévoilée mardi à Paris.
Ce besoin accru en logements est largement attribué au « desserrement des ménages », un phénomène lié notamment aux divorces et au vieillissement de la population.
L'étude, réalisée par l'Union nationale des aménageurs (Unam) et l'École supérieure des professions de l'immobilier (Espi), met en lumière la réduction de la taille des ménages. « Le parc immobilier est de plus en plus mobilisé par des personnes seules », soulignent les auteurs, ajoutant que ce phénomène est « sous-estimé » par les pouvoirs publics.
« La baisse démographique n'entraîne pas une diminution de la demande en logements. Au contraire, le desserrement des ménages a un impact trois fois plus important sur les besoins en logements que la démographie », affirme Paul Meyer, délégué général national de l'Unam Île-de-France. Il critique certaines administrations qui conseillent aux décideurs politiques de ne pas investir dans le logement, arguant qu'il n'y en aura plus besoin à l'avenir. « C'est faux. Et c'est ce que nous voulons démontrer », ajoute-t-il.
Traditionnellement, la demande de logements était principalement due à la croissance démographique. Aujourd'hui, elle est majoritairement induite par la réduction de la taille des ménages, représentant 38% du total des besoins en logements. En Île-de-France, cette réduction représente un besoin significatif, comptant pour 29% du total. À Paris, le desserrement est alimenté par une forte présence de ménages unipersonnels, notamment des jeunes étudiants, jeunes actifs, et des personnes séparées. À Fontainebleau (Seine-et-Marne) ou Rambouillet (Yvelines), ce phénomène est surtout causé par le vieillissement de la population.
« Les projets d'urbanisme que nous réalisons aujourd'hui doivent intégrer le vieillissement, c'est fondamental », souligne Arnaud Pautigny, président de l'Unam Île-de-France. Il déplore le manque de considération pour cette réalité dans les documents de planification urbaine.
L'effet de ce phénomène est moins prononcé dans le reste de la banlieue parisienne, particulièrement dans l'est et le nord, où résident encore de nombreuses familles avec enfants. En dehors de la région parisienne, les besoins en logements sont également importants autour des grandes métropoles telles que Lyon, Bordeaux, Toulouse, Nantes et Rennes. Ces villes connaissent une forte attractivité et sont également touchées par le phénomène de desserrement des ménages.
Avec cette demande croissante, la France doit repenser et intensifier ses efforts en matière de construction de logements pour répondre efficacement aux besoins changeants de sa population.