France/Pornographie : La justice française se prononcera sur un projet de blocage de cinq sites accessibles aux mineurs
La justice examine mardi 6 septembre la demande déposée par l’Arcom de bloquer cinq des sites pornographiques les plus consultés. Il leur est reproché de ne pas faire le nécessaire pour empêcher l’accès des mineurs à leurs plateformes.
Cinq sites pornographiques, parmi les plus connus (Pornhub, Xvidéos, Xnxx, Xhamster et TuKif), risquent de ne plus être accessibles en France. Ils sont accusés de ne pas réellement vérifier si leurs visiteurs ont plus de 18 ans. Trois associations de protection pour l'enfance, Open, la Cofrade et l'UNAF, ont saisi l'Arcom, le régulateur des médias, en novembre 2020 pour réclamer une procédure de blocage des sites. Et le tribunal judicaire de Paris examine ce mardi, à partir de 9h30, la demande faite par l’Arcom. Pour Justine Atlan, directrice de l'association E-Enfance, les sites pornos sont encore "hors la loi".
"Rien n’a changé du côté de ces sites, explique dans ‘Apolline Matin’ ce mardi sur RMC et RMC Story. Ils n’ont pas bougé depuis 20 ans, depuis quasiment la naissance d’internet. Ils sont accessibles à tout le monde. Il y a un ‘disclaimer’, un écran qui vous demande si vous avez 18 ans ou pas. C’est du déclaratif. En revanche, ce qui a changé depuis deux ans en France, c’est qu’il y a une loi qui a spécifié que ce disclaimer ne suffisait plus. Il faut en plus que ces sites pornographiques mettent en place un autre système pour permettre d’identifier un peu mieux, de vérifier, sans obligation de résultat. En tout cas, de demander autre chose pour prouver qu’on est majeur. Et si on n’est pas capable de prouver qu’on est majeur, on n’a plus accès à ces sites. Il y a une nouvelle loi mais le problème, c’est que pour l’instant, ces sites ne s’y sont absolument pas conformés. On demande à la justice de constater qu’ils sont dans l’illégalité. Ils sont clairement hors la loi. Ils ont gagné pas mal de temps parce que le nouveau régulateur, l’Arcom, a mis un peu de temps pour avoir un décret lui donnant les pouvoirs. Maintenant, l’Arcom l’a." Justine Atlan s’attend donc au blocage judiciaire des sites concernés.
"Théoriquement, sauf s’il y a un problème dans l’application de la loi en France, ils ne peuvent plus s’en sortir, souligne-t-elle. La justice va constater qu’ils sont dans l’illégalité. On leur a donné tous les moyens de le faire et s’ils ne le font pas, c’est qu’ils sont dans la mauvaise volonté. La justice va demander aux fournisseurs d’accès internet de les bloquer. Comme les fournisseurs d’accès internet bloquent déjà pas mal de sites qui sont illégaux."
"DES VRAIES DÉRIVES ET DES MAL-ÊTRE TRÈS PROFONDS"
Pour les enfants et les adolescents, l’accès très facile au porno crée des troubles très importants. "Ça les abîme, confirme la directrice d’E-Enfance. La loi fait que c’est interdit, déjà. Et deuxièmement, la pornographie est faite pour les adultes, pour provoquer du plaisir, de l’excitation, pour des adultes qui ont déjà une vie sexuelle. La difficulté là, c’est qu’on est face à des enfants, des adolescents, qui n’ont pas de vie sexuelle et qui ne savent ce qu’est, et à qui on va imposer des fantasmes, des images. C’est comme une effraction dans leur cerveau. Ce n’est pas quelque chose qu’ils connaissent, donc c’est très traumatisant. On sait que les enfants qui sont exposés à ça font faire des cauchemars, vont avoir des obsessions très douloureuses.
On sait aussi que ça va avoir des impacts sur la sexualité que vont avoir les adolescents. Ils prennent ça comme modèle. Malheureusement, ils n’ont pas d’autre éducation à la sexualité. Les garçons et les filles reçoivent ça comme injonction, en pensant que c’est comme ça qu’ils doivent faire l’amour, et ils le vivent très mal. Aujourd’hui, on a des vraies dérives et des mal-être très profonds à cause de ça." Selon bfmtv