Réforme des retraites en France : 8e journée de mobilisation
Une reunion de députés et de sénateurs se tient depuis 9h00, à huis clos, pour trouver un accord sur la réforme, indispensable avant un éventuel vote final à l’Assemblée nationale jeudi.
L’incertitude pourrait pousser le gouvernement à recourir à l’arme constitutionnelle du 49.3, permettant une adoption sans vote au parlement. Mais il espère ne pas avoir à utiliser cette mesure, qui ajouterait encore à l’impopularité d’une réforme rejetée par la majorité des Français.
Après les manifestations record du 7 mars, et une journée de mobilisation moins suivie samedi, l’intersyndicale veut, avec cette nouvelle journée d’action, peser une ultime fois sur le vote des députés, alors que la majorité n’est pas acquise au gouvernement, qui a besoin du soutien de la droite.
Dans la rue, entre 650 et 850.000 manifestants sont attendus, de source policière, moins que le 7 mars, point d’orgue de la mobilisation (1,28 million de personnes). Le cortège parisien s’ébranlera à 14h00.
Voter en faveur du texte n’équivaut pas à soutenir le gouvernement, a déclaré mardi la Première ministre Elisabeth Borne aux députés de droite. «Vous serez (...) conduits à vous exprimer sur la réforme des retraites. Pas sur un soutien au gouvernement, mais sur ce projet, sur ce projet seulement», a-t-elle insisté.
«Grave problème démocratique»
Depuis le 19 janvier, des millions de Français ont déjà manifesté à sept reprises pour dire leur refus de cette réforme, dont la mesure phare, le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, cristallise la colère.
Le gouvernement est cependant resté inflexible, et a suivi une stratégie pour faire adopter le texte au pas de charge, utilisant des dispositions constitutionnelles rarement mises en oeuvre pour accélérer le débat parlementaire.
La semaine dernière, l’intersyndicale avait déplacé le débat sur le terrain de la légitimité démocratique, estimant que l’absence de réponse de l’exécutif au puissant mouvement social constituait un «grave problème démocratique», pouvant conduire à une situation «explosive». Elle avait demandé à être reçue par le président de la République, et, devant son refus, l’avait mis au défi d’organiser une «consultation citoyenne».
«Ils essayent de faire feu de tout bois», a commenté auprès de l’AFP le politologue Dominique Andolfatto, estimant que cet appel à une consultation citoyenne traduisait peut-être «un certain manque de confiance dans la stratégie, le sentiment que finalement les manifestations impactent mais pas suffisamment».
Si elle a les yeux rivés sur la mobilisation de mercredi et le vote de jeudi, l’intersyndicale commence déjà à réfléchir à l’après, avec la crainte qu’un vote de la loi ne disloque l’unité intersyndicale, en conduisant les réformistes à remiser banderoles et slogans.
Interrogé sur BFMTV lundi soir, le secrétaire général du syndicat réformiste Unsa, Laurent Escure, a assuré que la contestation se poursuivrait au-delà de jeudi, rappelant que le Conseil constitutionnel, chargé de vérifier la conformité des lois avec la Constitution, aurait vraisemblablement son mot à dire.
Le secrétaire général du syndicat CFDT, Laurent Berger, a appelé mercredi les élus à «voter en âme et conscience», dénonçant «une réforme injuste et brutale».
Des grévistes déterminés
Pendant ce temps, les grèves reconductibles continuent dans plusieurs secteurs clés: transports, énergie, ramassage des déchets... avec un succès relatif, de l’aveu même d’un responsable syndical. «On sent que c’est compliqué sur la grève (...) Il n’y a pas assez de monde dans les assemblées générales», concède cette source sous couvert d’anonymat.
Quatre terminaux méthaniers ont voté la reconduction de leur mouvement jusqu’au début de la semaine prochaine. Quelque 7.000 tonnes d’ordures s’amoncellent à Paris et les déchets s’accumulent aussi dans plusieurs villes de l’Ouest comme Rennes et Nantes.
A la SNCF, le trafic des trains reste perturbé tandis que quelques blocages routiers étaient aussi en cours dans la matinée dans le nord du pays. Selon l'AFP.