Turquie : manifestations après l'arrestation brutale d'un photographe de l'AFP
Photojournaliste multiprimé, Bülent Kiliç a été violemment arrêté samedi pendant qu'il couvrait la marche des fiertés à Istanbul.
Plusieurs dizaines de journalistes ont manifesté mardi à Istanbul et Ankara pour dénoncer les violences policières contre les reporters après l'interpellation brutale d'un photographe de l'AFP la semaine dernière.
Lors de son interpellation, des policiers ont appuyé avec leur genou sur son dos et son cou, gênant sa respiration. Kiliç a été emmené au commissariat et relâché après plusieurs heures. Il a porté plainte pour "arrestation avec violences".
Pour dénoncer les mauvais traitements subis par Kiliç, environ 80 personnes, en majorité des journalistes, se sont rassemblées mardi devant le gouvernorat d'Istanbul en scandant "la presse ne peut pas être muselée" et "une presse libre et un pays libre".
Une vingtaine de personnes se sont également réunies à Ankara en brandissant des photos montrant Kiliç plaqué au sol et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "je ne peux plus respirer". "Nos collègues sont victimes de violences alors qu'ils ne font que leur travail", a déploré Esra Kocak Mayda, présidente de la branche à Ankara de l'Association des journalistes de Turquie.
Le représentant en Turquie de l'ONG Reporters sans frontières (RSF), Erol Onderoglu, a appelé le gouvernement à "donner des instructions claires aux forces de sécurité pour qu'elles mettent fin à ces pratiques inacceptables et injustes avant qu'il ne soit trop tard".
Dans une lettre adressée aux autorités turques, le PDG de l'AFP, Fabrice Fries, a "fermement protesté" contre l'arrestation de Kiliç et appelé à "enquêter sans délai sur cet incident et prendre les mesures nécessaires pour que les policiers impliqués rendent des comptes".
Cette affaire a suscité une vive inquiétude dans un pays où les ONG dénoncent des violations régulières de la liberté de la presse, en particulier depuis une tentative de putsch en 2016 qui a été suivie par l'arrestation de dizaines de journalistes et la fermeture de plusieurs médias jugés hostiles. La Turquie figure à la 153e place sur 180 dans l'index annuel de la liberté de la presse établi par RSF.