Google condamné pour pratiques anticoncurrentielles : Une défaite retentissante du géant américain

Tech. Le groupe de Mountain View a annoncé son intention de faire appel de la décision d'un juge de Washington, qui a reconnu Google coupable de pratiques anticoncurrentielles concernant son moteur de recherche.
Le géant américain du numérique, Google, a été reconnu coupable de pratiques anticoncurrentielles par un juge de Washington, lundi 5 août. Le tribunal a statué que le moteur de recherche de Google, imposé par défaut sur de nombreux appareils via des contrats, violait les règles de la concurrence. Le groupe a immédiatement annoncé son intention de faire appel de cette décision.
Selon des documents consultés par l'AFP, le tribunal a conclu que "Google est un monopole et qu'il a agi pour maintenir ce monopole". Une nouvelle audience sera nécessaire pour déterminer le montant de l'amende à infliger à l'entreprise.
Google est accusé d'avoir versé des dizaines de milliards de dollars, jusqu'à 26 milliards de dollars rien que l'année dernière, pour s'assurer que son moteur de recherche soit celui par défaut sur divers smartphones et navigateurs internet, la majeure partie de cette somme étant versée à Apple. Le juge a justifié sa décision en déclarant que "les accords de distribution signés par Google préemptent une part importante du marché des moteurs de recherche et empêchent ses rivaux de le concurrencer".
L'impact de cette décision sur les marchés financiers a été immédiat. Le titre d'Alphabet, maison-mère de Google, a clôturé en baisse de 4,61 % à Wall Street, à 160,64 dollars. Merrick Garland, ministre américain de la Justice, a qualifié la décision de "victoire historique pour le peuple américain". Il a ajouté que "aucune entreprise n’est au-dessus des lois" et que le département de la Justice continuerait à lutter contre les pratiques anticoncurrentielles.
Google, par la voix de Kent Walker, président des affaires mondiales, a déclaré que la décision reconnaissait "que Google propose le meilleur moteur de recherche mais conclut que nous ne devrions pas être autorisés à le rendre facilement disponible". Il a ajouté que Google comptait faire appel.
Le département américain de la Justice estime que les accords de distribution enfreignent les lois sur la concurrence, considérant ces contrats comme illégaux. Durant le procès, le juge avait exprimé des doutes tant sur la démonstration du gouvernement que sur la défense de Google. Google a soutenu que les recherches effectuées sur des plateformes comme Amazon, Facebook ou Expedia constituent une concurrence à son moteur de recherche, minimisant ainsi sa position dominante.
Les autorités de la concurrence, cependant, considèrent le marché des recherches générales des internautes comme pertinent, et Google y détient 80 % aux États-Unis. Selon Statcounter, début juillet, le moteur de recherche de Google représentait plus de 90 % du marché mondial et plus de 95 % des recherches sur smartphone.
Le moteur de recherche est un élément crucial du modèle commercial de Google, générant en 2023 plus de 175 milliards de dollars de revenus publicitaires sur un chiffre d'affaires global de 307 milliards de dollars. Il sert également de porte d'entrée pour les services associés de Google et met en valeur les vidéos de YouTube, qui ajoutent 62 milliards de dollars de revenus publicitaires.
L'analyste Evelyn Mitchell-Wolf de Emarketer a commenté que cette défaite de Google est "énorme". Une obligation de désinvestissement pourrait couper Google de sa principale source de revenus, et même l'interdiction de ces accords de distribution pourrait être très préjudiciable.
C'est la première fois que les autorités américaines de la concurrence affrontent une grande entreprise technologique depuis que Microsoft a été ciblé il y a plus de vingt ans pour la domination de son système d'exploitation Windows. Ce procès avait défini juridiquement comment une plateforme technologique pouvait abuser illégalement de son monopole. Cette décision représente donc une victoire majeure pour le département de la Justice, qui a également lancé des procédures contre d'autres géants du numérique comme Amazon, Meta et Microsoft pour pratiques anticoncurrentielles.