GP Explorer : une audience record pour un évènement XXL
Le GP Explorer a rencontré un engouement au-delà des attentes, réunissant plus d'un million de spectateurs en direct sur Twitch, une audience record. Une forme de récompense après une préparation minutieuse.
Le sourire ne quitte plus le visage de Lucas « Squeezie » Hauchard, qui admire, le regard brillant, les 40 000 personnes massées dans la tribune du circuit Bugatti, habituel théâtre des 24 heures du Mans.
Quelques mètres plus loin, les joues rougies par la chaleur, le front luisant et le souffle court, un petit groupe débriefe les évènements de la course du jour : la safety car du treizième tour, le mano à mano en tête de la course, l'inévitable chicane Dunlop, qui a encore fait vivre un calvaire aux pilotes, le « rêve éveillé » des sensations en course...
Il y a six mois, aucun des participants à cette discussion n'avait jamais mis les pieds sur un circuit, ni même n'était monté dans une monoplace. Certains n'avaient même pas le permis.
Ce samedi, ils étaient pourtant parmi les 22 streamers à prendre le départ du GP Explorer, une course de Formule 4 entre influenceurs organisée par Lucas « Squeezie » Hauchard (le plus grand youtubeur de France, 16,8 millions d'abonnés).
Un évènement sans le moindre intérêt compétitif, mais qui a suscité un engouement dingue sur Internet, et bien au-delà.
Un million de spectateurs en pic
Sur Twitch, ils étaient plus d'un million de spectateurs à suivre en simultané à l'évènement, à la production d'une qualité télévisuelle, au plus fort de l'après-midi.
Jamais un évènement en français sur la plateforme n'avait connu une telle audience, venue récompenser l'investissement demandé à ses participants.
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Pour que la course puisse avoir lieu, chacun des vidéastes a en effet dû s'astreindre à un entraînement intense, entamé il y a six mois et poursuivi jusqu'à quelques minutes du départ.
Ce qui lui a offert une crédibilité dans le milieu, où le GP Explorer a été unanimement salué.
« C'est hyper émouvant. On a fait une course courte, tout concentré sur un jour, justement pour que ce soit le plus accessible possible. Je pense qu'il y a plein de gens qui vont mettre un pied dans le sport auto à la suite de ça », jubile Squeezie, tête pensante et d'affiche de ce GP.
Née en septembre 2019, après s'être découvert une passion pour le karting, son idée a concrètement pris forme en fin mars, date à laquelle les apprentis pilotes ont été convoqués à leur première session d'entraînement au Mans.
Dès le départ, les 20 (devenus 22 par la suite) influenceurs ont été pris en charge par la FFSA Academy, centre de formation très officiel de la Fédération française d'automobile, par laquelle sont passés Pierre Gasly et Charles Leclerc.
Au programme : cinq week-ends de formation, comprenant cours théoriques et tours de circuits - à caler dans des plannings parfois très chargés -, ainsi que des prises de conseils auprès de pilotes et d'instructeurs mobilisés pour l'occasion.
Une vitesse d'apprentissage inégal
« Là où j'étais un peu dans le flou, c'était pour la motivation de chacun, évoquait Denis Plichet, leur principal référent à la FFSA Academy, sur le stream officiel ce samedi. J'ai vu rapidement qu'il y en avait qui se dégageaient, qui étaient heureux de monter dans une monoplace et à qui ça faisait plaisir, d'autres pour lesquels ça allait être un peu plus long. »
D'un participant à l'autre, le niveau de connaissances en sport mécanique pouvait varier du tout au tout : si certains ont fait de l'automobile leur fond de commerce, Sébastien « Seb » Frit ou Amine « Prime » Mekri n'avaient même pas leur permis B, sésame obligatoire pour démarrer l'aventure.
Les premiers jours ont donc été passés à assimiler les bases, alors même que certains manquaient de caler à la sortie du virage du « Garage vert ».
« Pour rattraper leur retard, ils ont bénéficié de la même formation que les jeunes pilotes qui sont en F4, a révélé Denis Plichet. Soit un coaching en bord de piste, avec prise de notes et retours individualisés, et des ingénieurs qui collectent les données, pour leur faire un débriefing vidéo. »
« Quand je me suis présenté à mon moniteur d'auto-école et que je lui ai dit que j'avais pour projet de participer à un GP dans deux mois, alors qu'il était en train de m'expliquer comment marche l'embrayage, bon... »
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Le passage à la Formule 4 implique en effet l'apprentissage en un temps express de pratique de tenue de route et de freinage souvent « contre-intuitives ». Une montagne à gravir pour les moins à l'aise au volant. « Quand je me suis présenté à mon moniteur d'auto-école et que je lui ai dit que j'avais pour projet de participer à un GP dans deux mois, alors qu'il était en train de m'expliquer comment marche l'embrayage, bon..., rigole Seb, permis obtenu au deuxième essai en août. J'ai vraiment dû me donner à fond. »
La hantise du crash
Pour tous les participants, la principale hantise était la même : finir dans le bac, devant des centaines de milliers de spectateurs, en prenant le risque de gâcher la fête pour tout le monde.
« Quand j'allais faire du karting avec mes potes le week-end, j'étais pas mal, mais ça restait un truc très amateur, se souvient Squeezie, avant d'essuyer un peu de sueur de son front. La première session au Mans, j'ai été terrorisé. Il a fallu vraiment du temps pour que je m'habitue, que je m'habitue au bruit, aux sensations. J'ai dû être très sérieux pour ne plus avoir peur. J'ai appris à dompter ça. »
« On a voulu respecter le sport auto »
En course, hormis un tête à queue au douzième tour, qui a contraint deux participants à l'abandon et l'intervention de la safety car, les incidents ont été rares.
Pas un hasard : pour apprivoiser leur peur et mémoriser le tracé, la plupart des participants, s'était longuement exercée sur simulateur.
« Je suis content du résultat auquel on est arrivé, valide Squeezie. En qualifications, il y a eu quelques drapeaux rouges, un peu de spin, mais par rapport à ce que c'était il y a une ou deux séances, c'est incomparable. Tout le monde y a mis du coeur. »
« C'est tellement sérieux, le sport automobile... On a vraiment voulu respecter l'évènement, le sport, pour ne pas prendre le truc à la légère, confirme Pierre-Alexis « Domingo » Bizot, streamer habitué des défis sportifs.
Après, il y en a qui ont plus ou moins progressé, c'est vrai... » « Je pense que dans le Championnat de Formule 4, les meilleurs seraient dans la deuxième partie du peloton », soufflait-on du côté de la FFSA Academy, au sujet du vainqueur Sylvain Levy (de la chaîne Vilebrequin) et son dauphin Pierre-Olivier « Depielo » Valette, duo au coude à coude de bout en bout de ce GP. Sans jamais partir à la faute. Preuve que les leçons avaient bien été apprises, selon L'EquipeFr.