Ce que l’on sait du groupe PMC Patriot, qui aurait été repéré à l’est de l’Ukraine
Un nouveau groupe paramilitaire privé russe, le PMC Patriot, aurait été repéré fin décembre en Ukraine, dans l’oblast de Donetsk, à l’est du pays.
LIRE AUSSI: Mali : Washington dénonce une détérioration sécuritaire depuis l'arrivée de Wagner
Selon Sergey Cherevaty, porte-parole du groupement oriental des Forces armées ukrainiennes, un nouveau groupe paramilitaire privé russe, le PMC Patriot, aurait été repéré fin décembre en Ukraine, dans l’oblast de Donetsk, à l’est du pays. Présenté comme un concurrent du sulfureux groupe Wagner, Patriot serait en outre proche du ministère russe de la Défense. Que sait-on de lui ? On fait le point.
On le dit « concurrent » principal du groupe paramilitaire Wagner, voire plus efficace que lui. Le groupe paramilitaire russe Patriot jouit pourtant d’une notoriété bien moindre que celle du sulfureux groupe Wagner, en témoigne le manque criant de documentation à son sujet. Selon ouest-france.
Mais la donne pourrait désormais avoir changé. Car, relève Le Figaro , le groupe Patriot aurait été repéré par l’armée ukrainienne fin décembre dans l’oblast de Donetsk, à l’est du pays, « en particulier dans la région de Stepne sur le front de Vuhledar ». Que sait-on au sujet de cette milice supposée proche du ministre de la Défense russe Sergueï Choïgou ? On fait le point.
Des « armées de l’ombre »
Disons-le d’emblée : trouver des informations relatives aux mercenaires du groupe Patriot revient à chercher une aiguille dans une botte de foin. Car ce groupe, tout comme celui de Wagner, constitue une « armée de l’ombre » dont les liens avec le Kremlin sont savamment masqués.
Moscou a d’ailleurs toujours démenti ses liens avec quelconque groupe paramilitaire, ces derniers n’ayant aucune existence légale en Russie où les sociétés militaires privées sont interdites par la loi.
Le masque est toutefois en partie tombé pour la première fois fin septembre après qu’Evguéni Prigojine, un homme d’affaires proche du Kremlin, a reconnu avoir fondé Wagner en 2014, qualifiant l’organisation de « pilier » de la défense des intérêts russes.
Trois mois plus tard, Serhiy Cherevaty, le porte-parole du groupement oriental des forces armées ukrainiennes, affirme de son côté que le groupe Patriot a récemment été repéré dans la région de Donetsk. « Nous avons remarqué qu’en plus de Wagner PMC (Private Military Company), Patriot PMC, affilié à l’actuel ministre russe de la Défense Choïgou, est apparu. De toute évidence, ils tirent toutes les capacités de combat pour obtenir au moins quelques résultats »,déclare-t-il, selon le média ukrainien Ukrayinska Pravda .
Proximité avec les services de renseignements russes
Dans son intervention, Serhiy Cherevaty qualifie également es deux groupes paramilitaires de « concurrents » mais évoluant sur différents « théâtres de guerre ». Selon lui, il n’existe d’ailleurs pas d’interactions entre les deux organisations, comme le note Le Figaro. Pour autant, les deux milices entretiendraient toutes deux des relations avec le ministère russe de la Défense. Patriot serait en outre connu pour sa proximité avec le GRU, les services de renseignements russes.
Dans une des documentations les plus précises disponibles au sujet du groupe Patriot et réalisée par le média indépendant russe TV Rain , on apprend que les toutes premières traces de la milice sur le terrain militaire remontent « a minima » au printemps 2018, date à laquelle la société privée aurait pris part à des combats en Syrie.
« Patriot est plus impliqué dans la sécurité des chefs de gouvernement »
À cette époque, les autorités russes redoutaient « une crise imminente », des combattants de ces milices privées blessés au combat n’ayant pas reçu de « soutien social » et de « dédommagement économique », faute de statut juridique. Une note, dont TV Rain s’est procuré une copie, avait alors été rédigée et signée, entre autres, par le général Leonid Ivashov (aujourd’hui à la retraite) pour circonscrire l’incendie en demandant « la définition d’un statut juridique pour les Russes ayant servi dans des groupes paramilitaires ». C’est là une des premières fois qu’est clairement fait mention, selon TV Rain, du groupe Patriot.
Selon un officier anonyme du ministère de la Défense rencontré par TV Rain, le groupe Patriot serait en outre « plus efficace […] et mieux payé que le groupe Wagner ». Les deux organisations seraient pour autant souvent en concurrence, se disputant des contrats, comme en République Centrafricaine par exemple.
« Si Wagner prend plus souvent des missions de combat, Patriot est plus impliqué dans la sécurité des chefs de gouvernement », détaille un membre d’une organisation de vétérans dans les colonnes du média russe.
« Un multiplicateur de force »
Quatre ans plus tard, Patriot, à l’instar de Wagner, semble désormais avoir pris du service en Ukraine, selon le porte-parole du groupement oriental des forces armées ukrainiennes.
Si, rappelons-le, Moscou a toujours formellement démenti ses liens avec ces milices privées, leur présence sur le terrain pourrait être justifiée par les nombreux revers accumulés par l’armée russe ces derniers mois. En octobre 2022, Tracey German, professeure en Défense et Sécurité au King’s College London, expliquait d’ailleurs à nos confrères de l’AFP, que les mercenaires de Wagner « étaient devenus de plus en plus visibles et de plus en plus affiliés à l’État russe […] sans faire partie formellement de l’armée russe, et c’est bien là leur utilité ».
« Ils agissent comme un multiplicateur de force pour la Russie », développait-elle. D’autre part, « l’armée russe a subi des pertes très significatives, mais avec Wagner, l’État russe n’a pas à donner de chiffres sur les pertes ».
L’implication croissante des mercenaires sur le terrain en Ukraine « reflète la dégradation généralisée de l’armée et du commandement russes », soulignait de son côté Karolina Hird, du centre de recherche américain Institute for the Study of War.
« Nous avons vu une nouvelle rhétorique, engendrée par les avancées de Wagner, présentant désormais le groupe comme la première force de frappe du Kremlin » dans cette région, soulignait la chercheuse, signe d’une possible lutte d’influence au sein du pouvoir russe.