Guerre en Ukraine/Céréales : comment l’Algérie, le Maroc et la Tunisie ont été touchés ?... Une étude nous répond
La guerre en Ukraine qui a débuté jeudi 24 février a des conséquences sur les approvisionnements en céréales de plusieurs pays dont ceux du Maghreb. Le blé étant l’aliment de base dans ces trois pays.
Et pour cause, les deux antagonistes, l’Ukraine et la Russie, font partie des principaux exportateurs mondiaux de blé dont le prix a atteint les 450 euros la tonne lundi 7 mars contre 260 euros le 25 février dernier.
Ces deux pays représentent, à eux seuls, plus d’un tiers des exportations mondiales de céréales.
En prévision d’éventuelles mesures restrictives qui limiteraient les exportations et entraîneraient de nouvelles hausses de prix, de nombreux pays dont ceux d’Afrique du nord ont d’ores et déjà annoncé la constitution de réserves de céréales.
L’Algérie, qui a acheté mercredi 700.000 tonnes de blé, selon l’agence Reuters, avait annoncé le 7 mars par le biais du ministre de l’Agriculture qu’elle disposait d’un stock de céréales « suffisant jusqu’à la fin de l’année en cours » et ne sera pas affectée par les changements survenus au niveau mondial.
Selon le Département américain de l’agriculture, l’Algérie devrait importer 7,7 millions de tonnes de céréales en 2021-2022.
Tunisie : « insuffisance chronique » au niveau des capacités de stockage
De son côté, le Maroc a affirmé disposer d’un stock de céréales suffisant pour les six prochains mois, après avoir réceptionné ses commandes auprès de l’Ukraine avant le déclenchement de la guerre, selon le président de la Fédération des moulins du Maroc, Abdelkader Aloui.
Cité par la radio MCD, Aloui a indiqué que le Maroc a importé 500 000 tonnes de blé tendre d’Ukraine en novembre dernier. Il a ajouté que le royaume explore d’autres sources d’approvisionnement. Il cite la France, le Brésil, l’Argentine, l’Allemagne, la Pologne et la Lituanie selon TSA.
L’Ukraine et la Russie représentent respectivement 25 % et 11 % des importations marocaines de blé. Le Maroc achète l’essentiel de son blé en France. Il est le 3e consommateur africain de céréales, derrière l’Égypte et l’Algérie, avec une consommation annuelle de 10 millions de tonnes. Le Maroc a importé 5,2 millions de tonnes durant la saison 2020/2021. Il devrait en importer 4,5 millions de tonnes en 2021-2022, selon le Département américain de l’Agriculture (USDA).
Parmi les trois pays du Maghreb, la Tunisie semble la plus vulnérable face à la crise ukrainienne.
Le think tank tunisien IACE a alerté dans une note datée du 9 mars que la Tunisie fait partie des pays « vulnérables » face aux conséquences de cette guerre. Il cite les « faibles capacités » de stockage de céréales et les « difficultés budgétaires » de la Tunisie. Comme l’Algérie, la Tunisie fait face à une « vague de sécheresse qui se prolonge depuis 3 ans et qui affecte sa production agricole », ajoute IACE.
Il rappelle que la Tunisie est « fortement dépendante en matière de céréales, important 84 % de ses besoins en blé tendre, environ 40 % pour le blé dur et 50 % pour l’orge ».
Selon l’IACE, « l’Ukraine était jusque-là un fournisseur privilégié de la Tunisie avec le Canada et l’Union européenne, et il faudra nécessairement revoir notre politique d’approvisionnement, d’autant que le pays souffre d’une insuffisance chronique au niveau des capacités de stockage, limitées à 3 mois ».
La Tunisie a importé 2,6 millions de tonnes de céréales en 2021 pour une consommation totale annuelle de plus de trois millions de tonnes selon le site TSA.