Guerre en Ukraine : Cinq facteurs qui pourraient influencer l’issue de la guerre en Ukraine, selon Stephen Fidler
Selon Stephen Fidler, Chef du bureau de Bruxelles du Wall Street Journal, si les forces russes n’ont pour l’heure pas brillé par leur efficacité, il y a peu de chances que l’armée ukrainienne tienne éternellement.
Fidler a presenté dans son article publié sur le Wall Street Journal, mercredi 2 Mars, cinq facteurs qui pourraient influencer l’issue de la guerre en Ukraine.
Les stratèges militaires l’affirment : l’invasion de l’Ukraine ne se déroule pas comme l’avait imaginé Vladimir Poutine, l’armée russe se heurtant à une résistance plus virulente que prévu et à des sanctions occidentales massives.
Même s’il est presque impossible d’anticiper la tournure que prendront les événements, les spécialistes s’intéressent à plusieurs facteurs (la situation sur le terrain et l’impact des sanctions notamment) pour tenter d’y voir plus clair.
Les forces qui mènent l’invasion
Les analystes militaires occidentaux ont été très surpris par la piètre performance des forces russes depuis le début de l’invasion. Pour eux, une armée qui se modernisait depuis plus de dix ans aurait dû terrasser sans grande difficulté la première phase de la résistance ukrainienne.
Le problème, c’est que Moscou n’avait plus mené d’opération militaire regroupant plusieurs armées depuis l’invasion de l’Afghanistan en 1979 (une opération qui était, de surcroît, moins complexe).
Les forces qui défendent l’Ukraine
Pour l’heure, les forces ukrainiennes ont su utiliser judicieusement leur arsenal militaire face à un adversaire d’une envergure nettement supérieure.
La détermination du président Volodymyr Zelensky à rester là où il est joue un rôle majeur et ses apparitions sur les réseaux sociaux (qui relaient aussi des images de citoyens ordinaires organisant la résistance) ont aidé le pouvoir à gagner la sympathie de son peuple et des Occidentaux. La Russie a néanmoins commencé de s’en prendre aux antennes relais et aux tours de télévision pour empêcher l’information de circuler.
La réaction des Occidentaux
Les pays occidentaux ont exclu toute participation directe en Ukraine, interdiction de survol de l’Ukraine incluse puisqu’une telle mesure entraînerait un conflit ouvert avec l’armée de l’air russe. Ils ont préféré opter pour des livraisons d’armes afin que les Ukrainiens se défendent par eux-mêmes, et renforcé les contingents présents aux frontières orientales de l’Otan.
Pour les analystes, il est possible que Moscou essaie de fermer la frontière entre la Pologne et la Russie pour faire cesser les livraisons d’armes, une décision qui renforcerait le risque que le conflit se propage à des pays de l’Otan (dont la Pologne).
Mais la principale arme déployée par l’Occident, ce sont les innombrables sanctions économiques qui visent la Russie et une partie de ses dirigeants : banque centrale, banques commerciales, responsables politiques et chefs d’entreprise. Ces derniers jours, les Russes ont patienté de longues heures aux distributeurs pour retirer de l’argent. L’inflation risque de grimper en flèche et l’impact économique sera douloureux pour la population.
La réaction des Russes
C’est la grande inconnue, parce qu’il est difficile pour les Occidentaux de décrypter l’opinion publique russe, mais aussi parce qu’il est délicat de savoir quel impact elle a sur ce qui se décide à Moscou, d’autant plus que Vladimir Poutine semble de plus en plus isolé et coupé du monde.
La majorité des Russes s’informent par des médias soumis à la censure, donc beaucoup penseront que les problèmes économiques qu’ils rencontrent sont la faute de l’Occident, et pas de leur gouvernement.
En outre, les autorités russes ont réprimé les manifestations hostiles à la guerre. L’élite russe dont le train de vie luxueux est désormais menacé semble exprimer peu à peu son mécontentement. Rien ne dit, néanmoins, que Vladimir Poutine s’en inquiétera.
Les négociations de paix
L’Ukraine et la Russie ont entamé des négociations de paix, mais rares sont les stratèges à penser que les deux pays trouveront rapidement un terrain d’entente.
Conclure un accord avec Volodymyr Zelensky revient à perdre la face pour Vladimir Poutine, qui dépeint (à tort) l’administration ukrainienne comme un groupe néonazi. Mais un accord avec un gouvernement installé par Moscou n’aurait aucune légitimité, ni en Ukraine ni à l’étranger.