La guerre en Ukraine a accéléré la transition verte en Europe (Énergies renouvelables)
La guerre en Ukraine va-t-elle marquer un tournant décisif pour la transition verte européenne ? Alors que le conflit avec la Russie a fait bondir les prix de l’énergie et que l’Europe tente de réduire sa dépendance au gaz et au pétrole russe.
Selon une étude publiée mardi 31 janvier par le thinktank Ember, spécialiste des questions énergétiques, la part d’électricité produite par les énergies solaire et éolienne dans l’Union Européenne a atteint l’année dernière 22 % de la production totale de courant, dépassant pour la première fois la part du gaz naturel.
Cette montée en puissance des énergies renouvelables s’explique par la croissance de la production des éoliennes (+ 8,5 %) mais surtout par une augmentation record des installations photovoltaïques (+ 47 %). Selon l’étude, la production d’électricité par le solaire aurait permis à elle seule d’éviter l’achat de 49 milliards d'euros de gaz, à l’échelle de l’UE.
Pour mieux comprendre cette évolution et ses conséquences, France 24 s’est entretenu avec Vincent Jacques le Seigneur, président de l'Observatoire des énergies renouvelables.
La progression du solaire et de l’éolien s’inscrit dans une tendance qui précède l’invasion russe. Ce que nous observons aujourd’hui est avant tout le résultat du paquet énergie-climat, un accord contraignant adopté par l’UE en 2008, qui a permis de faire passer la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique européen à 20 % en 2020. Mais il est vrai que la guerre en Ukraine a accéléré la transition verte. Elle a clos le débat entre États sur l’importance de réduire les importations de gaz et a suscité une réelle prise de conscience sur l’importance des renouvelables. Alors que l’objectif était de pousser leur part énergétique à 32 % en 2030, l’UE mise désormais sur 45 %.
Enfin, à cela s’est ajoutée la prise de conscience citoyenne avec l’incroyable boom du photovoltaïque. Depuis la guerre en Ukraine de très nombreux foyers touchés au portefeuille par la crise énergétique ont équipé leurs domiciles de panneaux solaires comme indiqué dans l’étude de Ember.
Du point de vue manufacturier, l'Europe est très dépendante de l’Asie et notamment des Chinois qui ont massivement investi dans les énergies renouvelables sans que l’UE ne prenne de mesures pour protéger sa propre industrie. Des filières existaient mais elles ont disparu car nous avons été envahis par du matériel moins cher.
L’avantage c’est qu’il est possible de relancer une industrie très rapidement car nous maîtrisons totalement la technologie. L’UE produit déjà la quasi-totalité des matériaux nécessaires comme le ver, l’acier, le silicium. Nous avons juste quelques difficultés sur certains métaux comme le cuivre mais rien d’insurmontable. Il s’agit donc d’une décision purement politique, il faut investir. Si l’Europe ne choisit pas cette option, elle sera avalée par les Américains et leur gigantesque plan de subvention, rapporte France 24.