Guinée: Bah Oury, un Premier ministre attendu au tournant
Au Guinée, Bah Oury, qui nommé à la fin de février par le président de la transition, Mamadi Doumbouya, précocement converti à la politique est propulsé sur le devant de la scène dans un contexte délicat.
À peine installé dans ses nouvelles fonctions, Amadou Oury Bah – plus communément connu sous le nom de Bah Oury – enchaîne les audiences.
Avec les patrons de presse, les syndicalistes, les banquiers, les enseignants, ses ministres… Le nouveau chef du gouvernement guinéen reçoit au Palais de la Colombe, situé à deux pas de la présidence à Conakry, y compris le soir et le week-end.
« Il est épuisé », grommelle son entourage tandis que nous attendons d’être reçu. Nous sommes le samedi 16 mars et il est près de 17 heures quand Bah Oury sort de son bureau. En chaussettes, il nous invite à patienter tandis qu’il s’offre quelques minutes de répit sur l’un des divans du salon.
Bientôt, une urgence le rappellera – les délestages, les émeutes de Kindia, le calendrier de la transition – mais il a accepté de nous accorder un peu de ce temps qui lui est désormais compté, selon Jeune Afrique.
1. Étudiant au Sénégal
Bah Oury, 66 ans, est né à Pita au cœur du Fouta-Djalon. Il n’a que 5 ans quand son père l’envoie étudier au Sénégal auprès d’un oncle maternel. Le voici inscrit à la Mission catholique de Diourbel, puis au collège d’enseignement général.
2. Magnoludovicien
Primé au concours général des meilleurs lycéens du Sénégal, il est félicité et naturalisé par le président Léopold Sédar Senghor. Bénéficiant de la bourse du Fonds d’aide et de coopération de la France, il intègre les classes préparatoires du lycée Louis-le-Grand, à Paris.
3. Engagement politique
En 1986, deux ans après la mort de Sékou Touré, Bah Oury, comme tant d’autres intellectuels, rentre en Guinée. Il participe au lancement des premiers mouvements politiques et à la création de l’Organisation guinéenne de défense des droits humains et du citoyen (OGDH).
4. Interpellations
Il sera brièvement interpellé fin 1990, puis une nouvelle fois deux ans plus tard, accusé d’avoir essayé d’attenter à la vie du président de la République. Mais la mobilisation populaire qui suit son arrestation et dans laquelle une personne perd la vie contraint Lansana Conté à le libérer.
5. Gracié
Près de vingt ans plus tard, Bah Oury a de nouveau maille à partir avec la justice de son pays. Accusé d’avoir joué un rôle dans l’attaque du domicile privé d’Alpha Condé, opposant historique fraîchement devenu président, il est jugé et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Il entame alors un exil de cinq ans qui s’achèvera par une grâce présidentielle en 2015