Guinée: les journalistes opprimés par la junte
Les gendarmes de Guinée ont interpellé le 18 janvier dans la banlieue de Conakry plusieurs journalistes qui projetaient de protester contre les sévères restrictions infligées depuis plusieurs semaines à la liberté de la presse et à l’accès à internet sous
Des journalistes s’étaient retrouvés à la Maison de la presse, où la profession tient d’ordinaire des rencontres ou des conférences de presse, en vue d’une journée de manifestation, a constaté un correspondant sur place.
Deux pick-ups de gendarmes sont arrivés et ont embarqué de force environ cinq journalistes, a-t-il rapporté. Deux responsables de la presse ont fait état, sous le couvert de l’anonymat, d’une dizaine de journalistes interpellés au total à la Maison de la presse et ailleurs en banlieue. Tous ont été conduits à la gendarmerie.
« L’escalade sans fin des attaques contre la presse en Guinée doit cesser » et les journalistes arrêtés doivent être libérés, a réagi Reporters sans frontières (RSF) sur X (anciennement Twitter).
Suspensions et expulsion
Le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) avait appelé à manifester « pour libérer les médias et réseaux sociaux ». Il a reçu le soutien d’organisations de la société civile.
Le « droit à l’information et à la connectivité est bafoué depuis bientôt deux mois », disait le SPPG le 7 janvier. Il invoquait le blocage de l’accès à internet, le retrait de certaines chaînes de télévision des principaux bouquets de distribution, le brouillage de fréquences radio. Les autorités veulent « obliger l’ensemble des médias du pays à changer de lignes éditoriales », disait-il.
Les autorités ont suspendu le 18 janvier pour neuf mois le site d’information dépêcheguinée et pour six mois l’auteur d’un article sur des fonds publics guinéens considérables qui pourraient avoir été détournés et qui seraient bloqués à Dubaï, selon lui, rapporte Jeune Afrique.
Le syndicat français SNJ-CGT a fait état, avec d’autres, de l’interpellation et de l’expulsion ces derniers jours du journaliste Thomas Dietrich, pour une enquête sur la Société nationale des pétroles et le patrimoine de son directeur général, selon le syndicat.
Un responsable d’une radio très écoutée, Espace FM, a indiqué sous le couvert de l’anonymat avoir découvert avec surprise le 18 janvier au matin que les programmes avaient été piratés et remplacés par de la musique militaire.