Harcèlement scolaire en France :Ce qu'il faut retenir du plan du gouvernement
La Première ministre française, Elisabeth Borne, a aussi annoncé la création de cellules contre le harcèlement dans les rectorats.
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Elisabeth Borne veut également permettre d'exclure des réseaux sociaux un élève fautif.
"Le harcèlement, ce sont d'abord des drames. Nicolas, Lindsay, Thibault, Ambre, Lucas… Chacun de ces prénoms résonne comme un échec pour nous". Confrontés à plusieurs cas médiatisés, Elisabeth Borne et plusieurs membres du gouvernement ont présenté, mercredi 27 septembre, un plan interministériel pour lutter contre le harcèlement scolaire. La Première ministre en avait fait une "priorité absolue", après avoir promis des mesures dès juin en réaction au suicide de Lindsay, une adolescente de 13 ans, dans le Pas-de-Calais.
Depuis, la rentrée scolaire a été marquée par le suicide du jeune Nicolas, 15 ans, à Poissy (Yvelines).
L'académie de Versailles et son ancienne rectrice sont sous le feu des critiques, après la révélation d'un courrier au ton menaçant envoyé en mai aux parents de l'adolescent. "On résout le harcèlement avec de l'humain, et pas des courriers", a martelé mercredi le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal.
Voici les principales mesures du plan dévoilé par le gouvernement.
La saisine "systématique" du procureur en cas de signalement
Chaque signalement de fait de harcèlement fera désormais l'objet d'une saisine du procureur, a affirmé Elisabeth Borne. La saisine sera "systématique", selon les mots de la Première ministre, notamment grâce à une plateforme dédiée pour faire le lien entre l'Éducation nationale et la Justice. "Je souhaite également une saisine systématique des procureurs pour les plaintes", a précisé Elisabeth Borne.
Le bannissement des réseaux sociaux pour l'élève harceleur
"Nous allons permettre d'exclure les élèves harceleurs des réseaux sociaux", a promis la Première ministre. Sans détailler comment cette mesure pourrait être mise en œuvre, elle a renvoyé aux "dispositions actuellement débattues au Parlement, dans le cadre du projet de loi pour réguler et sécuriser l'espace numérique". Jean-Noël Barrot, ministre délégué au Numérique, a ajouté que cette sanction s'étalera sur une durée de "six mois à un an".
La confiscation des téléphones
Pour les faits les plus graves, le gouvernement compte aussi "développer la confiscation des téléphones" des auteurs. Cette peine sera "décidée par la juridiction des mineurs", a précisé Eric Dupond-Moretti. Pour les faits les moins graves, un stage de citoyenneté avec un module spécialement orienté sur le harcèlement sera rendu obligatoire, dans une "visée réparatrice", a ajouté le ministre de la Justice.
Un questionnaire pour libérer la parole dès le CE2
Pour que les victimes puissent dénoncer une situation de harcèlement, "tous les élèves du CE2 à la troisième rempliront une grille d'autoévaluation", a révélé Elisabeth Borne. Un questionnaire a déjà été "travaillé avec des scientifiques et des spécialistes", a complété Gabriel Attal. Une autre grille d'évaluation des risques, à destination des forces de l'ordre et de la Justice, sera généralisée "afin d'améliorer la qualité des auditions", a ajouté la Première ministre.
La mise en place de cours d'empathie dès la maternelle
Gabriel Attal a promis d'inscrire "dans le cursus scolaire des cours d'empathie", dès la maternelle, sur le modèle mis en place au Danemark, où le ministre de l'Education s'est rendu vendredi. "Cela fera partie des savoirs fondamentaux à l'école", a-t-il estimé. Le président du Conseil supérieur des programmes sera saisi "demain", a promis le ministre, afin d'envisager l'entrée en vigueur de cette mesure à partir de la rentrée 2024.
Deux heures d'enseignement sur le harcèlement tous les ans
Gabriel Attal a déclaré que "deux heures [seront] banalisées dans tous les établissements scolaires de France" pour aborder avec les élèves la thématique du harcèlement, à l'occasion de la journée nationale dédiée à ce sujet, le 9 novembre. La Première ministre a ajouté qu'une campagne de sensibilisation serait aussi lancée à cette occasion, pour appeler à ne plus minimiser la parole des enfants.
La création de cellules dédiées dans les rectorats
Le ministre de l'Education nationale a promis la création d'une "cellule dédiée au harcèlement" dans chaque rectorat, qui pourrait intervenir dans les établissements "en second recours, quand il y a des situations qu'on n'arrive pas à régler sur le terrain", a-t-il expliqué.
Un numéro unique de signalement, le 3018
Le gouvernement a aussi décidé de faire du 3018, un numéro d'aide d'urgence actuellement dédié au cyberharcèlement, "le numéro unique de signalement [des faites de harcèlement], accompagné d'une application". Aujourd'hui, le 3018 coexiste avec le 3020, un numéro spécifiquement destiné aux victimes et proches de victimes de harcèlement scolaire.
"Signaler est un geste civique", a insisté le ministre délégué chargé du Numérique, Jean-Noël Barrot, qui "invite les enfants, mais aussi tous les parents à télécharger" l'application 3018, qui existe déjà. Il a ajouté que des plateformes comme Snapchat et TikTok seront sollicitées pour "renvoyer les enfants et les adultes qui signalent des faits de harcèlement vers le 3018".
Des formations dans de nombreux domaines
Le plan du gouvernement prévoit "la formation de tous les acteurs de la communauté éducative : les élèves, les parents, les personnels de l'Education nationale, avec l'objectif que chacun soit formé d'ici à la fin du quinquennat", a promis Elisabeth Borne. Les soignants, les acteurs du sport, les forces de l'ordre, les magistrats et les personnels de la Protection judiciaire et de la jeunesse seront aussi concernés.
"Nous ne devons pas laisser les professionnels dans une forme de désarroi", a jugé le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, qui voit dans "la lutte contre le harcèlement scolaire un enjeu de santé publique". De son côté, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a rappelé que les professionnels de son domaine sont "en contact [avec les enfants] dans des temps de vie où les signes sont un peu plus perceptibles et identifiables".