Harry, un prince à la barre
Le prince Harry contre-attaque. Le mari de Meghan Markle a défendu le à droit à sa vie privée devant la Haute Cour de justice de Londres.
Son objectif : faire condamner les tabloïds anglais qui l'ont traqué sans relâche de 1996 à 2010.
Àcet essaim de photographes et de journalistes qui l’attend devant la Haute Cour de justice de Londres, il adresse un grand sourire et un pouce levé. Car quelques minutes plus tard, à la barre, ce sont ces mêmes médias qu’Harry accuse de tous les maux. Ainsi débute-t-il sa diatribe : « J’ai expérimenté l’hostilité de la presse depuis que je suis né. » Au deuxième jour du procès qu’il intente, au côté d’autres personnalités, contre le Mirror Group Newspapers (MGN) – éditeur de nombreux journaux, dont le « Daily Mirror » –, le duc de Sussex ne mâche pas ses mots. Il a la hargne de ceux qui s’apprêtent à croiser le fer avec leur pire ennemi. Ces tabloïds ont fait de son quotidien un cauchemar, répète-t-il. Il dénonce leurs méthodes illicites, employées pour recueillir des informations : piratages téléphoniques, vols de numéros, mouchards placés sur les voitures de ses proches et détectives privés. MGN en aurait engagé pas moins de vingt-cinq pour le suivre jour et nuit, entre 1996 et 2010. Le duc de Sussex a répertorié 148 articles, parus dans plusieurs titres, de « The People » au « Sunday Mirror », qu’il considère comme litigieux. Trente-trois seulement ont été retenus par le juge. Durant cinq heures d’un long interrogatoire, le prince va les passer en revue, un à un.
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Aucune caméra n’a été autorisée à entrer à l’intérieur du tribunal. Dommage, ce témoignage aurait certainement fourni assez de matière pour une nouvelle série documentaire à succès. Pour pallier l’absence d’images, les chaînes de télévision rivalisent d’inventivité : SkyNews va jusqu’à reconstituer l’audience avec un vague sosie qui n’a de semblable avec le prince que la barbe rousse. Aucun membre de la famille royale n’avait été appelé à témoigner à la barre depuis Edouard VII. En 1871, alors héritier au trône, celui-ci avait dû expliquer, devant une assemblée médusée, la nature de sa relation avec une certaine Lady Mordaunt qui prétendait le compter parmi ses amants. En 1890, le prince de Galles comparaissait une seconde fois, suspecté d’avoir triché lors d’une partie d’un jeu de cartes illégal. En 2002, la princesse Anne avait bien eu, elle aussi, quelques démêlées judiciaires après que son bull-terrier avait mordu deux enfants. Mais elle avait plaidé coupable et l’histoire s’était arrêtée là. Quand on naît Windsor, il n’est pas de bon ton de descendre de son piédestal pour se présenter devant un tribunal. D’autant qu’en Angleterre, la justice est rendue au nom du roi, selon parismatch.
Charles III n’a certainement pas apprécié le spectacle de son cadet, étalant de nouveau ses confidences et souvenirs d’enfance. Au même moment, le monarque était en Roumanie. Comme pour éviter ce fils qu’il ne comprend plus.
Le disque est rayé. À la barre, Harry ressasse la même complainte. Déjà lue dans son autobiographie, « Le Suppléant », écoulée à plus de 4,5 millions d’exemplaires. La mort de sa mère reste son traumatisme. Ce n’est pas un hasard s’il a choisi pour avocat David Sherborne, que lui a présenté Elton John et qui travaillait autrefois pour Lady Diana. Ce procès est aussi un moyen de venger sa disparition tragique qu'il continue à attribuer aux seuls paparazzi, malgré le fort taux d'alcoolémie du chauffeur lors de cette nuit tragique.
« Les gens ont souvent dit que ma mère était paranoïaque, mais ce n’était pas le cas. Elle avait peur de ce qui lui arrivait et je sais maintenant que je suis pareil », déclare Harry. Jamais il n’a digéré les rumeurs selon lesquelles il serait le fils biologique du major James Hewitt, l’amant de Diana. « J’avais 18 ans et j’avais perdu ma mère six ans plus tôt... Des histoires comme celle-ci me semblaient très dommageables et très réelles. Elles étaient blessantes, méchantes et cruelles. »
Harry remet aussi sur le tapis sa relation avec Chelsy Davy, jolie blonde qui fut sa petite amie de 2004 à 2011, période durant laquelle ils auraient été tous les deux mis sur écoute. L’acharnement des tabloïds l'aurait dissuadé à devenir princesse : « Ces facteurs l’ont amené à prendre la décision qu’une vie royale n’était pas faite pour elle. Cette rupture m’a bouleversé. »
Le harcèlement de la presse expliquerait une partie des échecs qu’il a essuyés. Les dissensions avec sa propre famille ? « J’avais l’impression de ne pouvoir faire confiance à personne. […] En découvrant l’étendue des pratiques illégales de MGN à mon égard, je suis soulagé de comprendre que ma paranoïa envers mes amis et ma famille était déplacée. » Son exil aux États-Unis ? « C’est dû en grande partie à l’intrusion constante. […] Ça a eu un impact sur notre santé mentale. »
Cette croisade contre les médias, le duc de Sussex en fait le combat d’une vie. « Combien de sang va encore tacher leurs doigts avant que quelqu’un ne mette un terme à cette folie ? » interroge-t-il. Peu lui importer de batailler contre des moulins à vent. Outre-manche, la presse à scandale est plus puissante qu’un prince sans couronne, qu’un Calimero sans coquille. D’autant qu’aujourd’hui, l’ex-altesse chérie du Royaume-Uni est abandonnée de tous. De son père, de son frère et même de son épouse. « Je poursuis les tabloïds pour protéger ma femme », a pourtant assuré le duc de Sussex. Mais alors pourquoi Meghan Markle n’a-t-elle pas pris la peine de l’accompagner au tribunal ?
Les absences de la duchesse de Sussex sont de plus en plus remarquées. À la parution du « Suppléant » en janvier dernier, elle n’a pas eu un mot pour soutenir son mari. N’aurait-elle pas approuvé le contenu de ce grand déballage de 500 pages ? Début mai, elle n’a pas daigné assister au couronnement de Charles III, ce beau-père qui lui a pourtant ouvert les bras au moment de son mariage grandiose en 2018. Meghan Markle n’a pas mis les pieds en Angleterre depuis les funérailles d’Elizabeth II en septembre 2022. Comme si elle avait peur de l'air britannique.
Meghan Markle soigne chacune de ses rares apparitions en public. La dernière, le 16 mai, à l’occasion d’un gala pour la Foundation for Women à Manhattan a bien failli virer au drame. Le duc et la duchesse de Sussex auraient été pris en chasse par des paparazzi équipés jusqu’aux dents, dans les rues de New York durant presque deux heures. Une course-poursuite qui a manqué provoquer plusieurs accidents, selon le porte-parole des poursuivis. Sauf que cette version des faits a été jugée exagérée par la police, le maire de la ville Eric Adams, et même le chauffeur de taxi qui avait pris en charge le couple. Les Sussex auraient-ils voulu s’offrir un coup de pub en dramatisant cette histoire qui rappelle l'accident de Diana, le 31 août 1997 ?
Meghan Markle ne voudrait pas tomber dans l’oubli et finir comme cette Wallis Simpson – l’épouse du roi déchu Edward VIII – à laquelle on l’a souvent comparée : rongée par l’ennui, à compter les derniers diamants qui lui restent. Elle prépare son grand retour. Puisque, au balcon de Buckingham, elle est assurée de ne jamais avoir le premier rôle, elle veut désormais relancer sa carrière américaine. Elle vient de signer un contrat de communication avec la puissante agence hollywoodienne WWE. Elle y sera représentée par Ari Emmanuel, qui a collaboré avec Martin Scorsese, Robert Redford ou encore Beyoncé. L’ancienne vedette de « Suits » ne rêve pas de retourner devant les caméras, mais elle aurait l’intention de développer des activités commerciales, et plus particulièrement « la production cinématographique et télévisuelle, les partenariats avec des marques et la création d’entreprises en général », explique le magazine américain « Variety ».
Harry et Meghan seraient-ils en train de prendre des chemins séparés ? Quand l’un ne cesse de ruminer son douloureux passé, l’autre ne pense qu’à se construire un avenir glorieux. Des rumeurs tenaces affirment qu’ils feraient chambre à part et même que certains soirs, le prince dormirait au San Vincente Bungalow, un club très select de Los Angeles qui a l’avantage de n’autoriser ni photos ni vidéos. Faux, archifaux, a rétorqué son porte-parole, traitant encore une fois le « Sun » de ramassis de mensonges. Mais certains signes sont troublants. Fin avril, alors qu’il assiste à un match de NBA, le couple est piégé par une « kiss-cam », tradition des stades américains qui veut que quand deux spectateurs sont filmés, ils s’embrassent. D’un délicat geste de la main, Meghan refuse alors le baiser que s’apprête à lui offrir Harry. Certains ont prétendu qu’elle était simplement gênée. Meghan intimidée par les caméras ? Ce serait bien la première fois.