L’Inde engage dorénavant des poursuites judiciaires contre des pirates somaliens
L'Inde engage pour la première fois depuis plus de dix ans des poursuites judiciaires à l'encontre de pirates somaliens, selon le Consultant juriste auprès des Nations Unies, de l'Union européenne et de la Banque mondial, Olivier d'Auzon.
Les 35 pirates capturés à bord du cargo Ruen il y a dix jours ont été remis aux autorités indiennes, marquant un changement de politique significatif.
Auparavant, l'Inde se contentait de désarmer les pirates avant de les relâcher.
Les pirates ont été transférés à la police de Mumbai le samedi 23 mars 2024, tandis que de nouveaux détails sur leur capture et leurs demandes de rançon ont été divulgués dans les médias.
Un tribunal a ordonné leur détention pendant dix jours, le temps que les accusations, notamment d'enlèvement contre rançon, d'extorsion et de tentative de meurtre, soient examinées. La barrière linguistique s'est avérée être un défi, car les captifs ne parlent que somali, nécessitant ainsi l'intervention d'un traducteur.
Ces accusations découlent des lois anti-piraterie maritime promulguées par l'Inde en 2022. Les pirates risquent désormais de lourdes peines, allant de la réclusion à perpétuité à la peine de mort. Après leur débarquement, ils ont été conduits dans un hôpital indien pour un examen médical approfondi.
Selon les médias, les pirates ont exigé une somme colossale de près de 60 millions de dollars pour libérer le Ruen, ainsi que les 17 membres d'équipage restants depuis la capture du navire en décembre 2023. Des rapports font également état d'une demande de 5 millions de dollars pour la libération du navire bangladais Abdullah, toujours retenu en Somalie.
La marine indienne a localisé le Ruen à environ 260 milles nautiques à l'est de la Somalie le 15 mars 2024. Lorsqu'ils ont été repérés par un drone de surveillance, les pirates ont tiré en direction du navire de guerre indien Kolkata.
Les Indiens ont réagi en désactivant les systèmes de navigation du Ruen et en envoyant une équipe de commandos pour persuader les pirates de se rendre pacifiquement.
Après inspection, le Ruen a été restitué à la Bulgarie et se trouve actuellement près d'Oman, transportant 37 800 tonnes de charbon.
En plus des 35 captifs, la marine indienne a saisi deux petites embarcations, trois moteurs, ainsi que neuf téléphones portables, 196 cartouches et un couteau.
Le week end du 23 et 24 mars 2024 marquait ainsi les 100 jours depuis le début de la dernière mission de sécurité de l'Inde en réponse à l'activité croissante dans l'océan Indien, en provenance de Somalie et des militants houthis.
Au cours de cette période, 21 navires avec 5 000 membres d'équipage ont navigué pendant plus de 450 jours et effectué 900 heures de vol, répondant à 18 incidents et sauvant plus de 110 membres d'équipage, tout en assurant la sécurité de plus de 450 navires.
À leur apogée en 2011, les pirates somaliens ont lancé 237 attaques, retenant des centaines d'otages et causant des pertes économiques considérables.
Bien que le nombre d'attaques ait considérablement diminué depuis lors, avec les pirates ciblant principalement des navires plus petits dans des zones moins patrouillées, les coûts d'assurance et de sécurité ont augmenté. Les primes de risque de guerre supplémentaires imposées aux navires ont également augmenté, tout comme la demande de gardes armés privés.
Face à cette menace croissante, il est essentiel de renforcer la capacité de la Somalie à faire respecter la loi en mer et sur terre, selon le président somalien Hassan Sheikh Mohamud.
Pour l'instant, la garde côtière somalienne, avec ses ressources limitées, ne peut pas faire face efficacement à ce défi.