Jean-Marie Le Pen retrouve son meilleur ennemi
On l’appelait le numéro 2 du Front National et pourtant, il est celui qui a le plus ébranlé le parti et par la même occasion sa figure de proue, Jean-Marie Le Pen…
Malgré tout, Bruno Megret fait table rase des brouilles du passé en ce lundi 14 novembre.
L’ancien député européen aujourd’hui âgé de 73 ans s’apprête à s’asseoir à la table du doyen du clan Le Pen, pour célébrer les 50 ans du parti FN, rebaptisé Rassemblement National, à Paris.
"C’est la deuxième ou troisième fois qu’ils se reverront depuis la scission", a indiqué un proche du "Menhir" à nos confrères du JDD ce dimanche 13 novembre. "Plus de vingt ans ont passés depuis que le 'félon' a conduit la dissidence qui a ébranlé le parti tout entier", a résumé le journal.
"Depuis, on a normalisé nos relations", a récemment confié Bruno Megret.
L’événement rassemble une dizaine de figures emblématiques du parti, telles que Jean-Claude Martinez, Carl Lang, Pierre Sirgue ou encore Christian Baeckeroot, d’après les sources de nos confrères.
"On évoquera nos souvenirs mais seulement les bons !", a assuré Bruno Gollnisch, ancien député européen faisant partie de la liste des convives.
"On va refaire le monde et il se portera beaucoup mieux à la fin du repas", espérait un autre participant en amont de la soirée.
Il faut croire que rien ne perturbera ces festivités pour Jean-Marie Le Pen, ni la présence de Bruno Megret ni son procès en appel pour ses propos sur Patrick Bruel qui commence ce mercredi 16 novembre.
L’affrontement entre Bruno Megret et Jean-Marie Le Pen
L’histoire du Front National est marquée par de nombreuses trahisons et retournements de situations.
Mais le duel entre Jean-Marie Le Pen et Bruno Megret est souvent considéré comme un séisme pour ce parti d’extrême droite. L’affaire commence dans les années 1990, alors que Bruno Megret est délégué général du parti.
Craignant que la justice le rende inéligible, le cofondateur du FN déclare que sa femme Jany prendra la tête de liste du parti aux élections européennes s’il se retrouve bloqué.
L’idée ne plaît pas au numéro deux, qui œuvre depuis presque une décennie à dédiaboliser les idées de ses co-partisans.
En août 1998, Bruno Mégret se porte candidat pour mener la liste FN, sentant le chef de fil peu investi dans la campagne. "Il n'y a qu'un seul numéro au FN, c'est le numéro un", lance alors -Marie Le Pen.
Ce dernier déclare le 28 août qu'il se chargera de la liste aux européennes et qu’il sera candidat à la présidentielle de 2002.
Le 11 décembre 1998, Le Pen sent toutefois le vent tourner : "Ce qui me différencie de César vers lequel approchait son fils Brutus, un poignard à la main, et qui se couvrit la tête de sa toge, c'est que moi, je sors mon épée et je tue Brutus avant qu'il me tue."
Début 1999, son bras droit prend les devants et organise un congrès à Marignane, dans les Bouches-du-Rhône. Les cadres et militants présents le choisissent comme nouveau président d'un parti rebaptisé Front national-Mouvement national. Cette scission affaiblit considérablement le parti, qui chute à 5,7% des votes aux européennes…