JO 2024 : Polémique persistante autour de la boxeuse algérienne Imane Khelif
Qualifiée en demi-finales, la sportive est assurée d'une médaille. Le Comité olympique la soutient, entretenant le malaise.
Ce samedi 3 août, je me suis rendue à nouveau à Villepinte pour suivre la compétition de boxe féminine, en particulier le parcours d'Imane Khelif, la boxeuse algérienne engagée dans le tournoi des moins de 66 kilos.
Cette athlète est au centre de nombreuses polémiques. Le 1er août, j'avais assisté à sa victoire par abandon face à l'Italienne, ce qui avait suscité une vague d'indignation et de protestation. Certains estiment que Khelif n'a pas sa place à Paris, car elle serait « particulièrement masculine ». Rapporte Le Point.
Pourtant, elle continue de se démarquer. Lors des quarts de finale, elle s'est imposée « par décision unanime » contre la Hongroise Luca Anna Hamori. À ces Jeux de Paris, elle est assurée de repartir avec une médaille autour du cou, car en boxe, les demi-finalistes non qualifiées en finale reçoivent toutes deux la médaille de bronze.
« One-two-three-Algérie. » L'Arena Nord est envahie de drapeaux algériens. Le public a choisi son camp : les applaudissements sont pour l'Algérienne, les sifflets pour la Hongroise. Mais derrière le ring se joue un autre match, celui des instances sportives : l'Association internationale de boxe amateur (AIBA) contre le Comité international olympique (CIO). En mars 2023, l'AIBA avait suspendu Khelif suite à des tests effectués lors des Mondiaux de New Delhi, suscitant une première polémique sur sa féminité-masculinité.
Les médias algériens ont été les premiers à parler d'un taux de testostérone élevé. Les autorités sportives algériennes, quant à elles, se sont tenues à des raisons « médicales ». Mais des fuites suggèrent que des critères de genre ne seraient pas respectés. Or, tout cela est couvert par le secret médical, rendant impossible de connaître précisément les reproches faits à Khelif et à une autre boxeuse, la Taiwanaise Lin Yu Ting, disqualifiée dans des circonstances similaires.
En mai 2023, les autorités algériennes ont annoncé que le Comité olympique avait autorisé Khelif à participer au tournoi de qualification préolympique pour la zone Afrique, deux mois après sa suspension par l'AIBA. Le CIO et l'AIBA entretiennent des relations tendues depuis 2019, le CIO reprochant à l'AIBA un manque de transparence financière et une gouvernance défaillante. Cette situation s'est aggravée avec la guerre en Ukraine, l'AIBA acceptant la participation de boxeurs russes et biélorusses aux Mondiaux de mars 2023, ce qui a conduit au boycott de plusieurs pays.
Le CIO a retiré à l'AIBA son rôle de superviseur du tournoi olympique pour Paris 2024, malgré l'appel de l'AIBA. L'AIBA continue de se juger légitime pour intervenir dans le tournoi olympique et a promis des récompenses aux médaillés de 2024, ainsi qu'à celles qui ont perdu face à Khelif et Lin Yu Ting en quarts de finale.
En attendant, on sait peu de choses sur Imane Khelif. Cette fille de soudeur, née il y a 25 ans dans l'ouest de l'Algérie, est désormais une star dans son pays et ambassadrice de l'Unicef. Elle a pratiqué le football avant de se tourner vers la boxe en 2016 après avoir suivi les Jeux de Rio. Elle a obtenu une médaille d'argent aux Mondiaux en moins de 63 kilos et a terminé à la 5e place aux JO de Tokyo.