JO Paris 2024 / NBA : Comment Stephen Curry a-t-il dominé la France ?
Malgré l'atmosphère électrique de la Bercy Arena, la nouvelle Dream Team américaine a toujours semblé en contrôle, s'imposant 98-87 contre les hôtes français.
À 16 secondes de la fin du match, Stephen Curry, posté au centre du terrain, à 9 mètres du panier, se retrouvait déjà en déséquilibre, deux défenseurs français tentant de l'empêcher de voir le panier. Le temps pressait, et la gravité allait bientôt l'emporter. Pourtant, d'une position presque aveugle, il a réussi à lancer le ballon dans une trajectoire parfaite, l'arc de son tir confirmant au public qu'il avait touché la cible invisible, malgré les mains désespérément tendues de ses adversaires. C'était un geste d'une précision inouïe, même dans les meilleures conditions.
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Mais à ce moment-là, Curry évoluait dans un état de grâce, propulsant l'équipe américaine de basketball vers une médaille d'or qui, malgré les efforts acharnés des Français, semblait toujours leur appartenir. Ce tir à trois points était son troisième en un peu plus de deux minutes dans le dernier quart-temps. Le deuxième, tout aussi spectaculaire, avait été réalisé après une feinte déconcertante qui avait laissé le défenseur français s'égarer, Curry, lui, exécutant son tir avec une économie de mouvement impressionnante.
Cette victoire 98-87 lors de la finale de Paris 2024 marque le cinquième titre olympique consécutif pour les États-Unis, une performance que certains appelleront peut-être un "five-peat", mais qui a été durement remportée dans un match physiquement intense devant un public survolté. En fin de compte, les États-Unis disposaient de trop d'armes, de trop d'atouts. Comme l'avait dit le coach cubain en 1992, après avoir tenté en vain de stopper la première Dream Team : "Vous pouvez essayer, mais vous ne pouvez pas couvrir le soleil avec votre doigt."
La Bercy Arena, immense et sans fenêtres, était remplie de drapeaux français et d'une atmosphère glamour typique de ces grandes occasions. Les stars françaises étaient de sortie, avec notamment Thierry Henry et Emmanuel Macron dans les tribunes.
Cependant, le basketball américain semble toujours évoluer dans sa propre dimension, une sorte d'ambassade sportive itinérante. Le basketball aux Jeux Olympiques est un véritable spectacle ambulant. C'est l'Oncle Sam en baskets géantes. Pour beaucoup d'Américains, les Jeux Olympiques se résument à cela. Le basketball en est le cœur, le centre, l'arme de dissuasion ultime. Pour de nombreux Américains, c'est cela, les Jeux Olympiques.
À 21h22, il était enfin temps pour "Theeee Yooonighted Stayyytss of Amururrricia". Le théâtre de ces cérémonies d'ouverture était captivant en soi, les joueurs entrant un par un comme des candidats d'un jeu télévisé, toute l'arène étant saisie par l'énergie incontrôlable de l'événement. Joel Embiid, né à Yaoundé et autrefois désireux de jouer pour la France, mais désormais MVP de la NBA et Olympien américain, a été accueilli par une immense huée, devenant le méchant de la soirée à Bercy.
LeBron James, tel un Beckenbauer du basketball, a ouvert le bal avec une accélération fulgurante pour inscrire les deux premiers points. De son côté, Victor Wembanyama, star française, a montré son talent aérien avec un dunk flottant impressionnant, portant rapidement la France en tête 11-10 après seulement trois minutes de jeu.
L'Équipe avait comparé cette finale à un face-à-face entre un film d'auteur français à petit budget et un blockbuster hollywoodien : *À bout de souffle* contre *Les Avengers*, Jacques Tati tentant de rivaliser avec les cascades de Tom Cruise. Mais la France a joué avec habileté et cœur.
Guerschon Yabusele avait prévenu avant le match : "On veut fermer des bouches. Ce sera la guerre", une déclaration bien plus intéressante que les habituelles phrases de respect pour l'adversaire. Et il a livré une performance agressive et sans relâche.
LeBron James, craggy et majestueux, jouait comme un régulateur parfait, toujours à voir la passe en transition, offrant un sentiment de contrôle absolu à chaque instant où il était sur le terrain.
En fin de compte, les États-Unis ont été tout simplement trop forts. Leur équipe, dont les salaires combinés s'élèvent à 487 millions de livres sterling, représente le sport le plus professionnalisé qui soit, avec des joueurs gagnant 50 millions de dollars par an en salaire de base. Le théâtre de cette compétition est excessif, célébrant le style de vie luxueux des athlètes.
Les joueurs français, eux, sont des professionnels de haut niveau en EuroLeague, avec quelques touches de classe NBA, notamment le prodigieux Victor Wembanyama, un talent éthéré malgré ses 2,21 mètres.
Mais la France a continué à lutter, restant toujours à portée. À la fin du deuxième quart-temps, les États-Unis menaient 49-41, mais semblaient parfois un peu bousculés. Le spectacle de la mi-temps a également offert un moment étrange avec une danse angoissante exécutée par des personnes en noir, exprimant une vision terrifiante de l'angoisse existentielle. Bravo, où est Snoop Dogg ?
Pourquoi le basketball est-il aux Jeux Olympiques ? Certains se posent la question. Pourquoi un sportif professionnel milliardaire participe-t-il à une compétition pour une médaille d'or ? La réponse est évidente : cet événement est immense. Vous allez vendre beaucoup de téléphones, d'ordinateurs, de services financiers et de forfaits hospitalité. De plus, ce sont parmi les athlètes les plus doués et concentrés de la planète. Si ce n'est pas ça, alors quoi ? La beauté simple, la grâce de ces maillots blancs qui flottent, tournent, se faufilent. Et le match a été passionnant jusqu'à ce que Curry réalise ce moment de calme mortel.