Johnny Hallyday : ces paroles censurées sur l'un de ses plus grands titres (Vidéo)
France 3 a diffusé, Ce vendredi, Johnny Hallyday Symphonique, dans lequel des interprétations du chanteur décédé sont reprises en version orchestrale par Yvan Cassar.
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Parmi les plus grands titres de l'idole, il est une chanson qui fut censurée par Johnny lui-même.
Lorsqu'en 1969, le parolier Gilles Thibaut propose à Johnny Hallyday plusieurs textes de chansons à mettre en musique, il n'est pas un inconnu dans le métier. Il a notamment écrit, deux ans plus tôt, pour Claude François ce qui est devenu un standard international : Comme d'habitude. Il a, depuis, signé d'autres titres pour Cloclo. Mais il a déjà travaillé avec Johnny. Notamment sur une chanson raillant le chanteur Antoine : Cheveux longs et idées courtes. Le titre de sa dernière création, qui reflète son état d'esprit amoureux, est simple : Que je t'aime.
Deux couplets très (trop) chauds
Autant le dire et le reconnaître : Que je t'aime, ode à l'amour physique et à la fusion des corps, est une chanson torride. Tout le monde se souvient des paroles suivantes : "Quand tu n'te sens plus chatte/ Et que tu deviens chienne/ Et qu'à l'appel du loup/ Tu brises enfin tes chaînes/ Quand ton premier soupir/ Se finit dans un cri/ Quand c'est moi qui dit non/ Quand c'est toi qui dis oui..." On se rappelle tout autant du couplet suivant : "Quand mon corps sur ton corps/ Lourd comme un cheval mort/ Ne sait pas, ne sait plus/ S'il existe encore/ Quand on a fait l'amour/ Comme d'autres font la guerre/ Quand c'est moi le soldat/ Qui meurt et qui la perd..." Même si mai 68 est passé par là, ainsi qu'une certaine libération des mœurs, ce texte est particulièrement osé. Mais il n'y a rien qui puisse choquer Johnny Hallyday.
Jusqu'aux deux couplets suivants, ainsi que le rapporte le site Délibéré, qui s'appuie sur une interview accordée par Gilles Thibaut au magazine Je Chante. On y apprend que la chanson initiale comptait non pas quatre (comme dans la version finale) mais six couplets, selon Télé Loisir.
Deux couplets trop ouvertement sexuels pour passer en boucle sur les radios ont été purement et simplement retirés par Johnny ! Voici le premier : "Quand sur le lit défait/ D'un élan trop soudain/ Ne reste que la neige/ Qui coule entre tes mains/ Quand sur tes longs cheveux/ Se déverse ma joie/ Quand tu ouvres les yeux/ Et qu'enfin tu la bois". Hallyday aurait d'abord voulu remplacer "tu la bois" par "tu la vois". Avant qu'on lui fasse remarquer que cette formulation n'était pas plus heureuse. Le second couplet est, quant à lui, immédiatement supprimé. Il y est question d'une pratique sexuelle qui choque - du moins dans le cadre d'une chanson - jusqu'au chanteur... même sous une forme poétique : "Quand parfois tu te tournes/ Comme une feuille morte/ Et que ta peau dorée/ Est tout ce que tu portes/ Quand mon soleil se couche/ Que ta lune se lève/ Sur l'aube de ta fleur/ Et que coule ma sève..."
"Une chanson appréciée par tous les publics"
Que je t'aime est mise en musique par le compositeur Jean Renard qui se trouve dans un contexte sentimental moins exalté que Gilles Thibaut. Sa composition va, dès lors, avoir une couleur mélancolique, contrastant avec la crudité des mots du parolier.
L'alliage paroles et musique n'en est que plus puissant. Que je t'aime est créé en version piano-voix, le 20 avril 1969 sur l'antenne d'Europe 1, puis de manière beaucoup plus spectaculaire et triomphale sur la scène du Palais des sports, du 26 avril au 4 mai.
Enfin, les téléspectateurs français découvrent le titre le 7 mai, lors du Show Smet diffusé sur la première chaîne de l'ORTF. Dans le même temps, l'interprète des Portes du pénitencier enregistre Que je t'aime en studio, avec les arrangements de Jean-Jacques Vannier. Mise en avant lors de sa tournée d'été par Johnny, la chanson de Thibaut et Renard suscite l'hystérie du public... Et provoque un grand nombre d'évanouissements ! Que je t'aime devient, presque instantanément, l'un des standards d'Hallyday.
Lequel déclarera, dix ans plus tard à son sujet : "C'est une chanson qui a été appréciée par tous les publics, que ce soit celui du rock ou celui de la variété. [...] Depuis, j'ai demandé plusieurs fois [aux auteurs, Gilles Thibaut et Jean Renard], de me retrouver une autre chanson dans cet esprit, mais ils n'y sont jamais véritablement parvenus."