La Journée Sans Presse au Sénégal : Un cri d'alerte des éditeurs contre la pression fiscale
Hier, mardi, les kiosques de tout le Sénégal sont restés vides.
Ce silence inhabituel était le résultat d'une "journée sans presse" initiée par les éditeurs sénégalais pour dénoncer la pression fiscale jugée excessive qu'ils subissent de la part des autorités.
Cette action sans précédent a mobilisé l'ensemble du secteur, soulignant l'ampleur de la crise qui secoue actuellement les médias sénégalais.
Alassane Samba Diop, directeur général du groupe eMedia et propriétaire du quotidien *Bès Bi*, a décrit la décision de ne pas publier ce jour-là comme un acte difficile mais inévitable. "C’est une journée de perdue pour la presse économiquement. C’est de l’argent que nous perdons en faisant ces journées-là. On le fait à contre-coeur, on aurait voulu ne pas en arriver là", a-t-il déclaré avec gravité. Pour Diop, cette grève est une forme de lutte désespérée face à ce qu’il considère comme une tentative d’étouffer le secteur médiatique à travers des charges fiscales insoutenables.
La mobilisation au sein des rédactions a été unanime. Evelyne Mandiouba, coordinatrice des rédactions du groupe D-Médias, a observé que la participation des journalistes à cette journée sans presse était totale. "Je n’ai pas vu un collègue rechigner à participer. Que ce soit à la radio Zik FM, à la télévision SenTV ou au quotidien *Tribune*, tout le monde était d’accord pour participer", a-t-elle souligné.
Cependant, cette grève ne fait pas l'unanimité au sein de la classe politique. Le député Amadou Ba, membre du parti Yewhi Askan Wi et du Pastef, s'est dit perplexe face à cette initiative. "Je ne comprends pas : normalement quand les journalistes se mettent en grève, c’est parce que l’un des leurs est arrêté ou des médias fermés. Ce qui n’est pas le cas ici, donc le chantage des patrons ne fonctionnera pas !" a-t-il affirmé, remettant en question la légitimité de la protestation.
Pour les représentants du secteur, cette grève était certes une mesure extrême, mais elle était, selon eux, la seule façon d'attirer l'attention des autorités sur la situation alarmante de la presse sénégalaise. Ils n'écartent pas la possibilité de reprogrammer une autre journée sans presse si leurs revendications ne sont pas prises en compte.