L’enseignant Iannis Roder : L'école est une cible pour les islamistes en France
Tout en commentant l’incident d’un proviseur du lycée Maurice-Ravel, à Paris, ayant été menacé de mort sur Internet après avoir demandé à une élève de retirer son voile,
le professeur d’Histoire-Géographie en Seine-Saint-Denis s’exprimait ce matin au micro de RTL. Il publie aujourd’hui «Préserver la laïcité» aux éditions de l’Observatoire. «Moi, j'ai toujours été optimiste, sinon je ne ferais pas ce boulot.» C’est par ces mots que Iannis Roder a conclu son intervention, au micro de RTL.
Professeur d’Histoire-Géographie en Seine-Saint-Denis et directeur de l’Observatoire de la laïcité à la Fondation Jean Jaurès, il était invité à s’exprimer alors qu’un proviseur a été menacé de mort au lycée Maurice Ravel, dans le 20e arrondissement de la capitale. Il avait demandé à trois élèves d’ôter leur voile : l’une d’elles, majeure et étudiante en BTS, avait refusé. «L'école est une cible pour les islamistes», a-t-il notamment souligné.
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Iannis Roder affirme n’être «pas surpris» pas cette histoire, même si selon lui ce genre de situation «reste rare». «La première chose qui vient à la bouche des élèves quand on parle laïcité, c'est interdiction, a-t-il souligné. Cela devrait être liberté.»
Selon le Figaro, L’enseignant, qui publie aujourd’hui Préserver la laïcité, aux éditions de l'Observatoire, évoque cependant une «atmosphère lourde» dans l’enseignement, professeurs et proviseurs étant parfois obligés de «faire la police face à des élèves qui viennent parfois provoquer, chercher les failles». «Ce qui est frappant, c'est que cela s'emballe extrêmement vite» avec les réseaux sociaux qui conduisent à «des menaces de mort».
«À partir du moment où école et république sont droites dans leurs bottes, ça fonctionne»
Le professeur l’assure, après l’assassinat de Dominique Bernard, «on tire les leçons de ce qui s'est passé». L’enjeu, pour «les enseignants» et le «personnel de direction» est de «redire combien la laïcité est un socle qui nous permet de vivre la paix sociale». Iannis Roder a alors repris l’exemple des menaces contre le proviseur du lycée Maurice Ravel : «Quand la laïcité ne s'applique plus, il y a une confrontation.»
20 ans après la loi de 2005 contre le port du voile à l’école, l’enseignant assure que tout «a très bien fonctionné jusqu'à il y a deux ans», avec l’arrivée des «abayas, de nouvelles tenues, dont on a voulu nous faire croire qu'elles n'étaient pas religieuses, alors qu'elles étaient poussées par les militants islamistes». Il a suffi de rappeler que ces tenues étaient interdites, «Gabriel Attal l’a fait». «À partir du moment où école et république sont droites dans leurs bottes, ça fonctionne.»
«Gilles Kepel, Bernard Rougier et Hugo Micheron disent que l'école est une cible pour les islamistes», a-t-il souligné. «L’école française de la République ouvre les esprits, elle permet l'accès à l'autonomie de chacun, elle permet l'émancipation», alors que les islamistes «ne veulent pas de l'émancipation pour les jeunes qu'ils voient comme des musulmans» qu'ils veulent «garder (...) dans cet islam rigoriste». L’école «crée du commun, peu importe la croyance», alors que «les islamistes essaient de séparer», a-t-il précisé.