Législatives 2024: ce que l'on sait sur Tamara Volokhova, citée par Attal ?
La collaboratrice franco-russe du groupe ID au Parlement européen et ancienne candidate aux législatives à Strasbourg a été citée mercredi soir par le Premier ministre Gabriel Attal face à Jordan Bardella.
A quelques jours du premier tour des législatives, ce mardi soir, Jordan Bardella a été piégé sur quelques dossiers au cours du débat qui l’opposait à Manuel Bompard (Nouveau Front populaire) et Gabriel Attal (Renaissance).
Parmi les pièges, l’interdiction des emplois sensibles pour les binationaux. Un dossier déjà fragile dans lequel le président Rassemblement national s’est une nouvelle fois engouffré, rapporte 20 Minutes.
« Vous voulez mettre un Franco-Russe à la tête d’une centrale nucléaire ? », a demandé Jordan Bardella à Gabriel Attal. Et l’actuel Premier ministre de rétorquer : « Si c’est une mesure qui concerne les Franco-Russes dans les postes sensibles, est-ce que vous pouvez dire aux Français qui nous regardent qui est Tamara Volokhova ? ».
Découvrant visiblement son existence en plein direct, il serait peut-être bon de rappeler à Jordan Bardella le parcours de la conseillère européenne au sein de son propre parti.
En effet, Tamara Volokhova figure dans le groupe « Identité et démocratie », le groupe d’extrême droite au Parlement européen. Jusqu’à 2023, elle y anime d’ailleurs l’émission « Vu d’Europe » où plusieurs députés européens de son bord politique sont interrogés sur des questions d’actualité, souvent liées à des thèmes identitaires.
Ancienne candidate à Strasbourg
Quelques mois plus tôt, à l’occasion des législatives de 2022, Tamara Volokhova était également présente dans les listes du Rassemblement national pour la première circonscription de Strasbourg. Tout juste naturalisée, la jeune femme de 34 ans n’est pourtant pas nouvelle au sein du parti d’extrême droite.
Arrivée en France pour ses études, la politique originaire de Russie a assez vite été passionnée par la politique et notamment par le Front national, auquel elle a adhéré en 2013.
Au Parisien, elle avoue même son admiration pour Marine Le Pen. « Le RN est le seul parti qui peut relever la France qui se délite en apportant des réponses concrètes sur la question de l’insécurité », racontait-elle au quotidien.
Si elle se décrit dans nos colonnes comme « un exemple d’assimilation réussie », elle réfute toutefois une question paradoxale, une nouvelle fois posée par Gabriel Attal lors du débat. Pourquoi un parti qui prône la préférence nationale – pour contrer les ingérences, selon eux – mettrait au Parlement une candidate tout juste naturalisée ? « Marine Le Pen ne regarde pas les origines », se défendait la candidate à l’époque. Une erreur pour certains spécialistes et chercheurs pour qui Tamara Volokhova jouerait bel et bien un rôle d’agent d’influence pour le Kremlin.
Un risque d’ingérence
Dès 2021, juste avant les législatives, le chercheur Anton Shekhovtsov alertait sur la place de relais entre Moscou et l’extrême droite européenne qu’occupait Tamara Volokhova.
Il y explique notamment que la binationale a comme objectif de promouvoir les intérêts de la politique étrangère russe au sein de l’Europe et représente une menace pour le Parlement européen. Si auprès du Parisien, Tamara Volokhova qualifie les accusations de « grotesques », Mediapart décidera de confirmer les doutes du chercheur dans une nouvelle enquête publiée en novembre dernier.
En révélant le contenu d’une note confidentielle de la DGSI pointant du doigt le risque d’ingérence étrangère, le journal d’investigation mettait en cause quatre membres du RN soupçonnés d’être des « relais d’influence en France ».
Parmi les noms cités, l’ancien eurodéputé RN et ancien conseiller international de Marine Le Pen Aymeric Chauprade à l’initiative du recrutement de Tamara Volokhova comme assistante parlementaire entre 2014 et 2016.
Au cours de ces années, de nombreux déplacements en Russie ont notamment été effectués par la jeune femme et à ses côtés, Alexeï Kovalski, conseiller politique de l’ambassadeur russe à Paris et figure plus qu’influente entre le parti et le pays. Peut-être même un espion des services de renseignement extérieur russe, selon les renseignements français
Un fait que le Rassemblement national balaye auprès de Mediapart. « Tamara Volokhova n’a aucun pouvoir décisionnaire et aucune relation particulière qui pourrait être assimilée à un espionnage.
Elle n’est pas une espionne. S’il y avait le moindre élément en ce sens, on ne la garderait pas », défendait Jean-Paul Garraud, président de la délégation RN au Parlement européen qui voit en ces accusations une « discrimination » ne reposant que sur « la double nationalité franco-russe ». Une certaine ironie du sort de la part d’un élu RN.