L'Iran "joue avec la vie" du cinéaste Mohammad Nourizad, dénonce Amnesty
L'Iran "joue avec la vie" du cinéaste dissident Mohammad Nourizad, gravement malade en prison après des tortures qui auraient notamment inclus plusieurs injections d'un produit inconnu dans ses organes génitaux, a dénoncé vendredi Amnesty International.
Selon l'organisation de défense des droits humains, M. Nourizad, qui a écrit et réalisé plusieurs films, purge depuis août 2019 une peine de plus de 17 ans de prison pour insulte au guide suprême de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei.
Sa santé s'est détériorée dans la prison d'Evin à Téhéran en raison d'un "refus prolongé d'accès à des soins médicaux spécialisés adéquats pour sa maladie cardiaque et son diabète", accuse Amnesty, en précisant que des médecins avaient demandé instamment son hospitalisation, en vain.
"Les autorités iraniennes jouent cruellement avec la vie de" M. Nourizad, souligne Amnesty. L'organisation fait état d'une lettre en avril de Mohammad Nourizad dans laquelle il affirme s'être vu injecter une substance inconnue "huit fois dans (son) pénis".
"J'ai immédiatement écrit une lettre au chef de la prison demandant à être envoyé d'urgence à l'Organisation de médecine légale pour examen afin de révéler la substance qui m'a été injectée huit fois. Je n'ai pas eu de ses nouvelles depuis", rapporte le cinéaste.
Amnesty International se dit horrifiée par ces "tortures et autres traitements cruels, inhumains et dégradants, y compris des violences sexuelles et l'administration forcée de substances chimiques".
L'organisation affirme que le manque d'écoute des autorités a conduit le cinéaste à recourir à l'automutilation pour obtenir des réponses à ses demandes. Dans un enregistrement publié en ligne après une visite à son père à la prison en mars, la fille de Mohammad Nourizad avait indiqué qu'il s'était coupé au visage, à la tête et au cou avec un rasoir, entraînant des saignements abondants.
Les autorités iraniennes ont également arrêté son fils, Ali Nourizad, qui a été condamné à trois ans et demi de prison, poursuit Amnesty, dénonçant "une tentative d'exercer encore davantage de pression sur Mohammad Nourizad".