La CEDH condamne à nouveau la Turquie pour la détention de journalistes
La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a de nouveau condamné mardi la Turquie pour avoir violé les droits humains de deux journalistes placés en détention provisoire.
"La mise en détention provisoire des voix critiques crée des effets négatifs multiples, aussi bien pour la personne mise en détention que pour la société tout entière", souligne la cour, instance judiciaire du Conseil de l'Europe.
"Infliger une mesure conduisant à la privation de liberté, comme ce fut le cas en l'espèce, produit immanquablement un effet dissuasif sur la liberté d'expression en intimidant la société civile et en réduisant les voix divergentes au silence", insiste-t-elle.
Les deux journalistes, Tunca Ilker greten et Mahir Kanaat, connus pour leurs points de vue critiques à l'égard des politiques du gouvernement turc, ont été détenus de décembre 2016 à décembre 2017 "pour appartenance à une organisation terroristes armée".
Les autorités turques leur reprochaient "d'avoir téléchargé les courriels électroniques du ministre concerné", Berat Albayrak, qui était le gendre du président turc. Ces courriels personnels, qui avaient été piratés en 2016 par un groupe dénommé "RedHack" ont ensuite été publiés sur le site Wikileaks.
A l'unanimité les juges de la CEDH ont considéré que la Turquie avait violé à la fois le "droit à la liberté et à la sûreté" des deux journalistes dont la détention "'n'était pas fondée sur des raisons plausibles de les soupçonner d'avoir commis une infraction" et leur liberté d'expression, dont ils ont été privés "en raison de leurs activités journalistiques".
En outre, la cour condamne la Turquie pour avoir privé les requérants et leurs avocats "d'accès au dossier sans justification valable".