La révolution énergétique dans le Sahel africain : vers des partenariats russes et un éloignement du pouvoir occidental
Ces dernières années, le dossier énergétique dans les pays du Sahel africain a connu un tournant stratégique notable, marqué par un éloignement des partenariats traditionnels avec l'Occident, en particulier l'Europe et la France, au profit de la Russie
Ce changement est mis en évidence par plusieurs développements significatifs, notamment dans le secteur de l'uranium au Niger et les accords d'extraction aurifère au Mali.
1. Arrêt des activités d'extraction d'uranium de la société française Orano au Niger
Le Niger est l'un des plus grands fournisseurs d'uranium au monde et a longtemps été un partenaire clé de la France pour alimenter ses centrales nucléaires. Cependant, les tensions politiques croissantes entre le gouvernement nigérien et la France ont eu un impact direct sur les activités d'Orano, qui a suspendu récemment ses opérations à cause des pressions populaires et des politiques gouvernementales plus strictes envers la présence française. Ce geste fort de la part des autorités nigériennes illustre une volonté de réduire la dépendance aux entreprises occidentales et de réorienter les ressources vers de nouveaux partenariats, selon Afrique sur 7.
2. Accord du Mali avec la Russie pour l'extraction de l'or
De son côté, le Mali a cherché à renforcer ses liens avec la Russie par le biais d'accords pour l'extraction de l'or. Cette orientation s'inscrit dans une stratégie visant à réduire la dépendance du Mali envers les entreprises occidentales dans l'exploitation de ses ressources naturelles et à étendre les collaborations avec des pays qui imposent moins de conditions politiques ou de restrictions en matière de droits de l'homme. Le Mali a ainsi conclu des accords directs avec des entreprises russes pour exploiter ses ressources minières, ce qui reflète une convergence d'intérêts économiques et sécuritaires entre les deux pays.
Le Président de la transition au Mali, le Général Assimi Goïta, a reçu en audience une délégation d’un pays membre influent des BRICS pour discuter des détails d’un partenariat de grande envergure.
Le Chef d’Etat malien a reçu une délégation russe ce lund au Palais de Koulouba et les deux parties sont tombées d’accord sur les domaines clés qu’il faudra financer dans les prochains mois.
Au moins trois grands projets à savoir la création d’une raffinerie d’or et d’une usine de transformation du coton, ainsi que les modalités d’approvisionnement en produits pétroliers ont été évoqués.
A la fin des échanges entre Assimi Goïta, le Président de la transition du Mali et la délégation russe, la cellule de la communication de la présidence malienne a publié le bilan des échanges sur la page Facebook de l’institution.
3. Les raisons du rapprochement avec la Russie
Ce tournant vers la Russie s'explique par plusieurs facteurs :
Les tensions politiques avec la France et les pays européens, qui ont accentué la pression populaire sur les gouvernements pour qu'ils réduisent l'influence des entreprises occidentales.
La recherche de partenariats économiques plus souples, car la Russie propose des conditions moins strictes en matière de gestion des ressources énergétiques et minières.
Le soutien sécuritaire et militaire, la Russie offrant une aide sécuritaire aux gouvernements africains partenaires, un atout particulièrement précieux pour les pays du Sahel confrontés à des menaces sécuritaires.
Impact de ce changement sur l'avenir énergétique de la région
Ce basculement vers la Russie pourrait avoir des répercussions importantes sur les équilibres économiques et politiques de la région :
Une réduction de la dépendance envers l'Occident, pouvant entraîner des changements dans les politiques énergétiques et la gestion des ressources.
Un renforcement des partenariats avec la Russie offrant à ces pays une plus grande autonomie dans la prise de décisions concernant leurs ressources, mais pouvant aussi attiser les tensions avec les pays occidentaux et entraîner d'éventuelles sanctions économiques.
Ce rapprochement avec la Russie dans le domaine énergétique par les pays du Sahel africain traduit une volonté de s'affranchir de l'influence occidentale et de renforcer leur indépendance économique. Alors que la Russie trouve dans cette région un marché prometteur pour ses entreprises, ce nouveau cap pourrait avoir des conséquences durables sur l'avenir de la coopération internationale et la concurrence des grandes puissances pour les ressources de l'Afrique.