« Le braquage du siècle » des banques au Liban
Les déposants sont furieux de ne plus pouvoir accéder aux dollars qu’ils ont confiés à leurs établissements.
Après la bataille des rues, place à la bataille des prétoires. Usés par des mois de manifestations sans résultat, les Libanais en lutte contre l’oligarchie qui a confisqué leur pays sont nombreux à se tourner vers les tribunaux pour obtenir justice.
Au lieu de protester sous les fenêtres du gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, le cerveau des ingénieries financières qui ont précipité le Liban dans la pire crise économique de son histoire, au lieu de passer leur colère sur les devantures des banques, qui ont gelé leur épargne, les Libanais tentent la voie judiciaire, dans leur patrie comme à l’étranger.
Plusieurs centaines d’actions ont été intentées ces derniers mois contre des établissements financiers libanais, devant des magistrats du pays du Cèdre. Des dizaines de procédures ont aussi été ouvertes devant des juridictions françaises, anglaises et américaines et beaucoup d’autres dossiers sont en préparation.
Toutes ces démarches ont été lancées par des déposants, furieux de ne plus pouvoir accéder aux dollars qu’ils ont confiés à leurs banques, alors que l’inflation dépasse les 100 % et que la monnaie nationale, la livre libanaise, a perdu 90 % de sa valeur face au billet vert. « C’est l’escroquerie du siècle », fulmine Brahim Abouzeid, un avocat franco-libanais, impliqué dans cette bataille.