Le Liban dans le noir: les dernières centrales électriques s'éteignent
«Le réseau électrique libanais a complètement cessé de fonctionner à midi aujourd'hui, et il est peu probable qu'il fonctionne jusqu'à lundi prochain, ou pendant plusieurs jours», a annoncé ce samedi 9 octobre le gouvernement libanais.
Les deux plus grandes centrales électriques du pays, celle de Zahrani et celle de Deir Ammar, ont ainsi été mises à l'arrêt, en raison de la pénurie de carburant qui frappe le pays depuis de longs mois déjà, et qui s'est lourdement aggravée cet été.
Le gouvernement a fait savoir que l'Électricité du Liban (EDL), l'établissement public censé assurer la couverture électrique du pays, tâcherait d'utiliser la réserve de fuel de l'armée afin de relancer temporairement les centrales, mais que cela prendrait du temps.
Cela signifie donc que le pays ne dispose plus d'aucun service public susceptible d'assurer un approvisionnement en électricité, et que ce dernier repose désormais exclusivement sur les générateurs privés fonctionnant au diesel. Dans les faits, cela était quasiment déjà le cas depuis longtemps, EDL ne fournissant aux foyers qu'une ou deux heures d'électricité par jour, quand encore elle les fournissait.
Avec la chute de la livre libanaise, qui a perdu 90% de sa valeur face au dollar, de nombreux Libanais sont désormais incapables de payer pour un générateur, dont le prix, qui peut se chiffrer à plusieurs centaines de dollars par mois, dépasse souvent de loin le salaire minimum, tombé à 30 dollars [25,40 euros] en juillet 2021.
Dans la mesure où les générateurs fonctionnent de toute façon au fuel et sont généralement assez anciens, leurs performances demeurent limitées, et ne fournissent dans le meilleur des cas qu'une quinzaine d'heures d'électricité par jour.
Cette situation qui dure depuis des mois et que le nouveau gouvernement formé le 10 septembre 2021 ne semble pas prêt à résoudre a des conséquences désastreuses sur les conditions de vie de la population.
Les hôpitaux en sont lourdement affectés, qui ont de plus en plus de mal à dispenser certains soins, tandis que les frigos des maisons et des restaurants se vident ou se corrompent, faute de chaîne du froid, et que les files d'attente s'allongent devant des stations-service de moins en moins capables de fournir du carburant.