Le prochain président, l'Ukraine, l'Algérie : résumé de l'entretien de Sarkozy
À quelques jours de la parution de son nouveau livre, Nicolas Sarkozy a abordé de nombreux sujets, allant de l'élection présidentielle de 2027, à la guerre en Ukraine en passant par les relations franco-algériennes, au coup d'État au Niger.
Gérald Darmanin, le souhait de Sarkozy
À moins de quatre ans de la prochaine élection présidentielle, Nicolas Sarkozy a déjà son favori, en la personne de Gérald Darmanin.
L'ancien président de la République annonce dans un entretien au Figaro son souhait de voir l'actuel ministre de l'Intérieur franchir « l'étape ultime » vers l'Élysée en 2027.
L'ancien porte-parole de Nicolas Sarkozy « saura-t-il franchir une autre étape, […] celle qui mène à la présidence de la République ? ». « Je le lui souhaite, car il a des qualités évidentes. » Selon l'ancien chef de l'État, Gérald Darmanin est « l'un des quadragénaires les plus prometteurs », ajoutant que le « succès » d'un de ses « amis » lui ferait « plaisir ».
Un poste pour lequel le principal intéressé s'est déjà positionné. Récemment confirmé à Matignon, il se place déjà en rempart face à l'extrême droite de Marine Le Pen.
« Ce qui m'inquiète maintenant, c'est ce qui se passera en 2027 », avait affirmé Gérald Darmanin au Figaro, dimanche, en opposant sa « boussole populaire » à « la gauche bobo-libérale » et aux « techniciens » assurés de perdre, selon lui.
Joignant les actes à la parole, le ministre de l'Intérieur comptera ses soutiens le 27 août dans son fief de Tourcoing, dans le Nord, où 400 personnes, dont 90 parlementaires et plusieurs ministres, sont conviées à sa rentrée politique, sur le thème des « attentes des classes populaires ».
L'Ukraine se doit de rester « neutre »
« L'Ukraine est un trait d'union entre l'ouest et l'est, il faut qu'elle le reste », tranche Nicolas Sarkozy, pour qui ce pays ne doit rejoindre ni l'Otan, ni l'Union européenne, évoquant des « promesses fallacieuses qui ne seront pas tenues ».
« Je ne vois pas en quoi ce serait une insulte », poursuit-il, suggérant « un accord international prévoyant des assurances de sécurité extrêmement fortes pour la protéger contre tout risque de nouvelle agression ».
Il rappelle avoir « eu des dizaines de conversations » avec le président russe Vladimir Poutine, lorsqu'il était à l'Élysée.
« On me dit qu'il n'est plus celui que j'ai connu, je n'en suis pas convaincu », relève-t-il, défendant « la diplomatie, la discussion, l'échange » pour « trouver une solution acceptable » à ce conflit. Et insiste sur un nécessaire « compromis » sans quoi « cette poudrière pourrait avoir des conséquences redoutables ».
Au passage, il égratigne le président Emmanuel Macron qui « n'a pas, hélas, été jusqu'au bout » de ses tentatives de discussion avec le président russe, « à cause de la pression des pays européens de l'est ». « Sur ce sujet, les intérêts européens ne sont pas alignés sur les intérêts américains », tance-t-il.
Nicolas Sarkozy estime par ailleurs qu'en Crimée, annexée en 2014 par la Russie, « tout retour en arrière est illusoire ». Pour lui, « un référendum incontestable [...] sera nécessaire pour entériner l'état de fait actuel ». Au-delà, il craint un « conflit gelé », où l'Ukraine cherche à « reconquérir ce qui [lui] a été injustement pris ».
Selon lui, une « sortie par le haut » du conflit consisterait même à organiser « des referendums strictement encadrés par la communauté internationale pour trancher les questions territoriales de façon définitive et transparente » notamment dans « les territoires disputés de l'est et du sud de l'Ukraine ».
Avec l'Algérie, ne pas bâtir une « amitié artificielle »
Nicolas Sarkozy a ensuite abordé les relations entre la France et l'Algérie et recommandé à Emmanuel Macron de ne pas essayer de « bâtir une amitié artificielle » avec les dirigeants algériens « qui utilisent systématiquement la France comme bouc émissaire pour masquer leurs propres défaillances et leur déficit de légitimité ». Selon lui, « ils la refuseront toujours.
« Ils ont trop besoin de détourner l'attention de l'échec dans lequel ils ont plongé leur pays en accusant régulièrement la France de tous les maux ».
Emmanuel Macron cherche à opérer un rapprochement avec l'Algérie, en forme de réconciliation historique, qui devait notamment se concrétiser au printemps par une visite d'Etat en France du président algérien Abdelmadjid Tebboune.
Mais cette visite, jamais officiellement annoncée, n'a à ce jour pas pu être programmée, signe de malentendus persistants entre les deux pays.
Le 6 août, le chef de l'État algérien avait assuré à la télévision algérienne que la visite était « toujours maintenue » mais qu'il en attendait le programme de la part de la présidence française.