Législatives 2022: La France en turbulences politique après le revers de Macron
La France est entrée dimanche dans une zone de turbulences politiques après le désaveu infligé au président Macron qui perd sa majorité absolue à l'Assemblée nationale au terme du second tour des élections législatives.
Le président, réélu en avril pour un second mandat, devra trouver des alliances pour mettre en oeuvre son programme de réformes dans les cinq prochaines années face à des oppositions déterminées à ne lui faire aucun cadeau, selon l'AFP.
Ce qui pourrait, selon les observateurs, plonger la France, peu habituée aux compromis parlementaires à l'inverse de ses partenaires européens, dans une instabilité politique chronique.
"Ce sera beaucoup plus difficile de gouverner surtout s'il y a une alliance de toutes les oppositions", confie à l'AFP Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à l'université Panthéon-Sorbonne.
Il souligne encore que "le rôle du Parlement sera réhabilité" à l'image de ce qui se passe dans "tous les autres pays européens".
"Nous travaillerons dès demain à construire une majorité d'action, il n'y a pas d'alternative", a assuré la Première ministre Elisabeth Borne, elle-même élue de peu en Normandie (nord-ouest), en affirmant que cette "situation inédite constitue un risque pour notre pays".
La France ne sera pas "ingouvernable" mais il "va falloir faire preuve de beaucoup d'imagination", a concédé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, tandis que le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, un proche du président, reconnaissait qu'il leur faudra "dépasser nos certitudes, nos clivages".
Pour la majorité présidentielle, la soirée électorale a pris la forme d'une "gifle", comme le décrivait le journal Libération, malgré le fait que la coalition Ensemble! du président est arrivée en tête du scrutin. Plusieurs ténors de la majorité ou ministres ont mordu la poussière.
Selon les projections des instituts de sondage, Ensemble! obtiendrait entre 230 et 250 sièges, très loin de la majorité absolue de 289 députés (sur 577) à l'Assemblée nationale.
Pour sa part, l'alliance de gauche Nupes menée par Jean-Luc Mélenchon se situe entre 141 et 175 députés, et devient la première force d'opposition à l'Assemblée, en lieu et place de la droite, selon ces projections. Pour la gauche unie - une première depuis des décennies -, c'est une
victoire avec un léger goût amer puisqu'elle échoue à imposer une cohabitation au président Macron comme elle l'avait pronostiqué.
Mais le tribun Jean-Luc Mélenchon, troisième de l'élection présidentielle, n'en a pas moins parlé de "déroute du parti présidentiel", se félicitant du "grand jaillissement" de la gauche.
Dans la dernière ligne droite, Emmanuel Macron avait dramatisé l'enjeu et appelé les Français a lui donner une "majorité solide". Ces derniers semblent ne pas l'avoir entendu, préférant ne lui accorder qu'une majorité relative.