Législatives au Liban: Malgré leur colère, les Libanais peu mobilisés avant les élections
Les Libanais sont pour la première fois appelés à voter depuis le début de la grave crise économique qui frappe le pays et l'explosion au port de Beyrouth. Pourtant, malgré leur ressentiment à l'égard de la classe politique au pouvoir, beaucoup hésitent à
« Beyrouth le changement », « la Montagne se révolte », « Ensemble vers le changement »… Le message des nombreuses listes candidates aux élections législatives libanaises, ce dimanche, se réclamant de l'opposition à la classe politique au pouvoir depuis trente ans est clair. Mais en dépit de la crise multidimensionnelle que traverse le pays, ces slogans prometteurs peinent encore à convaincre les électeurs, à deux jours du scrutin.
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« Les Libanais sont aujourd'hui surtout préoccupés par leurs propres problèmes, il est très difficile de les faire s'intéresser aux élections. Certains n'ont même pas de quoi payer l'essence pour aller jusqu'au bureau de vote », explique Mona Harb, professeure de sciences politiques à l'université américaine de Beyrouth.
« Beaucoup de gens ne comptent pas aller voter, ils sont en colère. Pourquoi croire à la parole de ces nouveaux venus plus qu'à celle des autres ? » s'interroge Hady, propriétaire d'un magasin d'électronique dans le quartier de Gemmayzé à Beyrouth, qui reprend vie deux ans après avoir été ravagé par la double explosion du port de la capitale libanaise. Rapporte lesechos
Les quatre dernières années ont achevé d'ébranler la confiance des Libanais à l'égard de leur système politique. Depuis les législatives de 2018 , le pays a connu un mouvement de contestation populaire massif contre ses dirigeants, une crise économique et de liquidités sans précédent dans son histoire et un drame meurtrier au port de sa capitale, affaire dans laquelle trois députés également ex-ministres sont visés par la justice.
Ces circonstances exceptionnelles, aggravées par la crise sanitaire du Covid-19 et les conséquences de la guerre en Ukraine, n'ont cependant pas provoqué de sursaut de responsabilité de la part des autorités. Les députés ne sont notamment pas parvenus à s'accorder sur une loi sur le contrôle des capitaux qui aurait permis d'éviter une fuite massive des avoirs de certains déposants. Des chantiers attendus comme la réforme du secteur défaillant de l'électricité ont par ailleurs été repoussés.
Des négociations entamées avec le FMI il y a trois ans, en vue de l'octroi d'un plan d'aide financière, n'ont toujours pas abouti, faute de réformes et d'accord sur la répartition des pertes à essuyer dans le secteur bancaire. Un projet de filets sociaux financé par la Banque mondiale a également pris de longs mois de retard après une réduction par le Parlement des budgets alloués aux mécanismes de transparence.