INFOGRAPHIE/Les présidents algériens entre 1962 et 2024
Depuis l’élection, en 1963, du premier président du pays devenu indépendant de la présence coloniale française en 1962, cinq autres hommes ont occupé le poste, au gré de grandes évolutions politiques.
Ahmed Ben Bella (17 septembre 1963 – 19 juin 1965)
Grande figure de l’indépendance algérienne, Ahmed Ben Bella est l’un des fondateurs du Front de Libération Nationale (FLN). Après une série d’attentats en 1954, il est arrêté par les autorités françaises en 1956 et passe six ans en prison. Il est libéré à la signature des accords d’Evian en 1962.
Rentré en Algérie, il est très critique du gouvernement provisoire. Seul candidat, il est élu président de la République le 15 septembre 1963 avec plus de 99 % des voix. Il est finalement renversé deux ans plus tard lors d’un coup d’État militaire organisé par Houari Boumediene, son ministre de la défense. Placé en résidence surveillée, il sera finalement gracié et libéré par le président Chadli Bendjedid en 1981.
Houari Boumediene (19 juin 1965 – 27 décembre 1978)
À la suite de son coup d’État, Houari Boumediene suspend la constitution. Il devient président du Conseil de la Révolution et prend la présidence du FLN, tout en restant ministre de la défense. En 1976, il se présente comme seul candidat de l’élection présidentielle et est élu avec plus de 99 % des voix.
Sa présidence est marquée par l’absence d’opposition politique alors que de nombreuses figures de la lutte pour l’indépendance comme Ferhat Abbas ou Ahmed Ben Bella sont emprisonnés ou mis en résidence surveillée. Il meurt en fonction le 27 décembre 1978.
Chadli Bendjedid (9 février 1979 – 11 janvier 1992)
Le Front de libération nationale (FLN) désigne Chadli Bendjedid comme candidat à la présidence. Le 7 février 1979, celui-ci obtient 94 % des voix.
Chadli Bendjedid démissionne le 11 janvier 1992 après la victoire du Front islamique du Salut (FIS) au premier tour des élections législatives et l’annulation d’un second tour pour empêcher le parti d’accéder au pouvoir.
Le Haut comité d’état
La proclamation de l’état d’urgence, le 29 février 1992, ouvre une guerre civile sanglante qui fera plus de 200 000 morts. Pour palier la démission du président et à la dissolution de l’Assemblée nationale, une autorité politique provisoire est créée.
Le Haut Comité d’État (HCE) est une présidence collégiale présidée par Mohamed Boudiaf jusqu’à son assassinat le 29 juin de la même année. Ali Kafi lui succède le 2 juillet et dirige l’instance jusqu’au 30 janvier 1994.
Liamine Zeroual (31 janvier 1994 – 27 avril 1999)
Liamine Zeroual, alors ministre de la défense nationale, est d’abord désigné le 30 janvier 1994 à la tête de l’État pour assurer une période de transition de trois ans. Il organise finalement une élection présidentielle anticipée en 1995 et se retrouve officiellement élu président de la République le 16 novembre 1995 avec 61,3 % des suffrages exprimés.
Il annonce en septembre 1998 la tenue d’élections anticipée auxquelles il ne se présentera pas à la suite de tensions politiques internes.
Abdelaziz Bouteflika (27 avril 1999 – 2 avril 2019)
Abdelaziz Bouteflika est élu en avril 1999 avec le soutien de l’armée. Il obtient 73,8 % des voix, grâce notamment au retrait de tous ses adversaires qui conteste les conditions d’organisation du scrutin. Il est reconduit en 2004 avec 85 % des suffrages exprimés dès le premier tour. En 2008, le Parlement adopte la fin de la limitation à deux mandats, ce qui lui permet d’être réélu en 2009 avec plus de 90 % des voix.
En 2013, il est victime d’un accident vasculaire cérébral et est par la suite régulièrement hospitalisé, ne faisant que de rares apparitions en public. Cela ne l’empêche pas d’être réélu en 2014 avec 81,5 % des voix. L’annonce de sa volonté de briguer un cinquième mandat déclenche des mouvements de protestation à Alger et dans les principales villes du pays. Abandonné par l’armée, Abdelaziz Bouteflika remet finalement sa démission à l’âge de quatre-vingt-deux ans. Il meurt deux ans plus tard.
Abdelmadjid Tebboune (19 décembre 2019 – actuellement)
Ancien premier ministre de Bouteflika, Abdelmadjid Tebboune se présente à l’élection présidentielle du 12 décembre 2019 en tant que candidat indépendant, tout en étant membre du FLN. Il emporte la présidence dès le premier tour avec 58,15 % des voix, en dépit d’une abstention record.
Avant son élection, Abdelmadjid Tebboune a fait une longue carrière politique. Il a notamment été ministre du logement de 2001 à 2002 puis de 2012 à 2017 et détient le record du premier ministre le plus éphémère du pays, moins de trois mois.