Libéré après 7 mois de détention, le directeur de l'hôpital Al-Chifa accuse Israël de tortures
Détenu pendant sept mois, il faisait également partie des libérés. Israël a indiqué enquêter sur ces accusations.
Alors que des dizaines de prisonniers palestiniens ont été libérés ce lundi premier juillet par Israël et transférés vers des centres médicaux de Gaza, le directeur de l'hôpital al-Chifa de la ville de Gaza, Mohammed Abou Salmiya, a accusé l'État hébreu de « tortures ».
Détenu pendant sept mois, il faisait également partie des libérés. Israël a indiqué enquêter sur ces accusations.
Le directeur du plus grand établissement hospitalier de Gaza a été libéré ce matin avec plusieurs dizaines de prisonniers palestiniens qui ont été transférés vers des centres médicaux de Gaza. C'est ce qu'a indiqué une source médicale de l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa à Deir el-Balah, dans le centre du territoire palestinien.
Selon cette source, cinq d'entre eux ont été admis dans cet hôpital et les autres ont été transférés vers des hôpitaux de Khan Younès au sud du territoire.
L'agence de sécurité intérieure israélienne Shin Beth a de son côté indiqué dans un communiqué avoir été, avec l'armée, chargée de « libérer des dizaines de prisonniers afin de récupérer des places dans les centres de détention ». Le Shin Beth a justifié cette libération, expliquant qu'il est « opposé à la libération des terroristes de l'unité Nukhba du Hamas impliqués dans les combats et les atteintes aux civils israéliens » donc, « il a été décidé de libérer plusieurs détenus de Gaza qui représentent un danger moins élevé », d'après l'agence de sécurité israélienne.
Le directeur de l'hôpital al-Chifa, Dr Abou Salmiya, a indiqué qu'au total environ 50 détenus avaient été libérés. Il a également affirmé avoir été soumis « à de sévères tortures » lors de sa détention en Israël et avoir subi une fracture au pouce. « Les prisonniers palestiniens sont soumis à toutes sortes de tortures », a-t-il accusé lors d'une conférence de presse à l'hôpital Nasser à Khan Younès. De nombreux prisonniers sont morts dans les centres d'interrogation et ont été privés de nourriture et de médicaments. Il a raconté que « pendant deux mois, les prisonniers n'ont mangé qu'une miche de pain par jour », ajoutant qu'ils étaient « soumis à des humiliations physiques et psychologiques ».
Le médecin, arrêté fin novembre 2023, a affirmé avoir été détenu « sans inculpation ». Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne a indiqué « vérifier ces informations ».
Les hôpitaux de Gaza ont été durement ciblés depuis le début de l'offensive militaire menée par l'armée israélienne en riposte à l'attaque sans précédent perpétrée dans le sud d'Israël le 7 octobre par des combattants du Hamas. Israël accuse le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007, d'utiliser les hôpitaux à des fins militaires, ce qu'il dément. L'hôpital al-Chifa a été le théâtre de raids particulièrement intenses de l'armée. En avril et mai, au moins trois fosses communes y avaient été découvertes, d'après des sources locales.
« La libération du directeur du centre médical Chifa, avec des dizaines d'autres terroristes, est un renoncement à la sécurité », a dit le controversé ministre israélien à la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, sur X. Dans un communiqué, le Hamas a estimé pour sa part que « les signes visibles de torture et les témoignages terribles sur leurs tragiques conditions de détention réaffirment le comportement criminel du gouvernement fasciste d'occupation ».
En mai, des associations palestiniennes de défense des droits des détenus avaient affirmé que deux Palestiniens, dont un médecin d'al-Chifa, étaient morts dans une prison israélienne, succombant à des « tortures » et à l'absence de soins. L'armée israélienne avait alors indiqué « ne pas être informée » de tels faits. Elle avait ouvert une enquête en décembre après la mort en détention de plusieurs Palestiniens arrêtés à Gaza depuis le 7 octobre.