Liban : Paris va débloquer 100 millions d’euros, annonce Emmanuel Macron
Le président français a annoncé ce jeudi que la France allait débloquer 100 millions d’euros pour le Liban en ajoutant que « la guerre doit cesser au plus vite »
.L’annonce a été faite par le président français à l’ouverture de la conférence sur le Liban à Paris. « La France apportera 100 millions d’euros » d’aide, a déclaré Emmanuel Macron ce jeudi.
« La guerre doit cesser au plus vite », a-t-il ajouté, précisant que l’objectif est d’ « affirmer la souveraineté du Liban », donc « démontrer que le pire n’est pas écrit et permettre aux Libanais de retrouver le contrôle de leur destin ».
« Nous exigeons que le Hezbollah (mouvement chiite libanais pro-iranien) cesse ses provocations et frappes indiscriminées » contre Israël, a asséné le président français. En même temps, « Israël sait d’expérience que ses succès militaires ne sont pas forcément une victoire au Liban », a-t-il également pointé en référence à l’élimination de la direction du Hezbollah dans des frappes aériennes massives et à l’opération terrestre de l’armée israélienne.
« On parle beaucoup de guerre de civilisation. Je ne suis pas sûr qu’on défende une civilisation en semant soi-même la barbarie », a-t-il encore lâché.
Avec cette conférence sur le Liban, le président français a pour objectif de mobiliser la communauté internationale et réunir quelque 500 millions d’euros pour venir en aide aux personnes déplacées par le conflit entre Israël et le Hezbollah. L’ONU a réclamé récemment au moins 400 millions de dollars (370 millions d’euros).
La France, ancienne puissance mandataire qui compte quelque 23 000 ressortissants au Liban, a déjà envoyé des médicaments, du matériel médical et débloqué 10 millions d’euros pour soutenir l’action des associations sur place. En 2021, lors d’une précédente conférence internationale pour le Liban, Paris avait débloqué 100 millions d’euros.
Déjà le gouvernement allemand s’est engagé « à fournir un total de 96 millions d’euros supplémentaires.
« L’objectif est d’atteindre les personnes déplacées à l’intérieur du pays et d’assurer la stabilité sociale, économique et institutionnelle au Liban », écrivent, dans un communiqué commun, les ministères des Affaires étrangères et de la Coopération économique qui fournissent cette somme totale.
« Ce pays, ami de la France, est aujourd’hui au bord du gouffre », a résumé le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, dans un message posté sur X. « Son peuple est entraîné dans une guerre qu’il n’a pas choisie. Agir est un devoir et c’est la raison pour laquelle la France a pris cette initiative », a-t-il ajouté. .
En présence notamment du Premier ministre libanais Najib Mikati, des ministres des Affaires étrangères libanais Abdallah Bou Habib, allemande Annalena Baerbock, canadienne Mélanie Joly, et pour l’Union européenne Josep Borrell, cette conférence rassemble plus de 70 participants et une quinzaine d’organisations internationales.
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres dans un discours à distance a appelé « les dirigeants libanais à prendre des mesures résolues pour assurer le bon fonctionnement des institutions de l’État afin de relever les défis politiques et sécuritaires urgents du pays ».
« J’encourage les partenaires à renforcer leur soutien à ces institutions étatiques, y compris les Forces armées libanaises, qui sont une composante vitale dans la construction d’un avenir sûr et pacifique », a-t-il insisté en ajoutant sa voix aux appels à un cessez-le-feu au Liban.
Demander un cessez-le-feu immédiat
Paralysé depuis près de deux ans par une crise politique qui l’a plongé dans le chaos économique, le Liban est désormais le théâtre d’une guerre entre le mouvement islamiste libanais soutenu par l’Iran, et Israël. Les affrontements, qui se déroulent notamment dans le sud du pays à la frontière avec Israël, ont contraint plus de 800 000 personnes à se déplacer, selon les Nations unis. Les déplacés seraient même plus d’un million, selon les autorités libanaises.
Outre ces fonds, cette conférence va réaffirmer la nécessité d’obtenir un cessez-le-feu immédiat. « Nous avons mis sur la table des propositions concrètes pour que le cessez-le-feu puisse intervenir le plus rapidement possible », a rappelé Jean-Noël Barrot, en référence à la proposition franco-américaine d’un cessez-le-feu temporaire de 21 jours pour permettre de négocier les conditions d’un accord durable.
La France, comme nombre de pays occidentaux, estime qu’une issue diplomatique est « la seule solution viable pour le Liban comme pour Israël », où 60 000 personnes ont également dû aussi quitter leur foyer.
Toutefois, en l’absence des principaux protagonistes, Israël et l’Iran n’ont pas été invités et le secrétaire d’État américain Antony Blinken ne fera pas le déplacement, les avancées diplomatiques à Paris devraient être limitées.
Le soutien des forces armées du Liban sera aussi au cœur des discussions. Le Premier ministre libanais souhaite déployer plus largement des Forces armées libanaises au sud du fleuve Litani, zone visée par les frappes israéliennes pour déloger les milices du Hezbollah. Différentes mesures sont envisagées telles que la fourniture d’équipements, de la formation et surtout des fonds pour assurer leur fonctionnement au quotidien et recruter de nouveaux soldats.
L’enjeu est d’accroître leur efficacité quand un accord de cessez-le-feu aura été trouvé pour permettre l’application pleine et entière de la résolution 1701. Celle-ci, qui avait acté la fin de la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, stipule que seuls les Casques bleus et l’armée libanaise doivent être déployés dans le sud du Liban frontalier d’Israël. Outre le renforcement des forces armées libanaises, l’Italie pousse, elle, l’idée d’une Force intérimaire des Nations unies dite « Finul 3 capable de faire face à la nouvelle situation », a indiqué une source diplomatique italienne.