Londres face à des choix budgétaires amers
Des dizaines de milliards de livres de coupes dans les dépenses et de hausses d'impôts: le ministre des Finances britannique s'apprête à dévoiler jeudi un budget au goût amer pour redresser les finances du pays, en pleine crise économique.
"Nous allons demander à tout le monde de contribuer davantage.
Mais nous demanderons aux personnes qui possèdent plus de contribuer plus", a prévenu M. Hunt devant les députés en amont de ce qui s'annonce comme une sévère cure d'austérité.
Le ministre devrait dévoiler jeudi au Parlement autour de 11H30 GMT son traitement de choc fiscal, qui s'élève selon plusieurs médias britanniques à presque 55 milliards de livres.
Il a la lourde tâche de rassurer des marchés échaudés par les annonces budgétaires massives et mal préparées de la précédente Première ministre Liz Truss.
Le produit intérieur brut (PIB) a reculé de 0,2 % au troisième trimestre, signe précurseur, selon la Banque d'Angleterre, d'une récession qui pourrait s'étendre sur deux ans.
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Pour compléter ce sombre panorama, les faillites se multiplient et l'inflation a bondi à plus de 11 % en octobre, aggravant une crise du coût de la vie qui alimente grèves en cascade et appels à taxer davantage les profits des géants énergétiques.
Covid, Ukraine et Brexit
Comment Londres en est arrivé là ? "Au cours des trois dernières années, l'économie mondiale a été confrontée à deux énormes chocs: la pandémie (...) et la guerre de (Vladimir) Poutine en Ukraine", ce qui a notamment pesé sur la croissance et fait flamber les prix de l'énergie, selon un communiqué du Trésor mercredi soir.
Le Brexit est également passé par là, plombant le commerce avec son grand voisin européen et entravant l'embauche de travailleurs du continent, ce qui contribue à l'inflation et la perte de productivité.
"Nous observons un ralentissement des échanges commerciaux au Royaume-Uni bien plus rapide que dans le reste du monde", a ainsi rappelé mercredi Swati Dhingra, membre du Comité de politique monétaire (MPC) de la BoE, devant une commission parlementaire.
Mais "l'économie peinait déjà" avant le Brexit, pénalisée par "des années d'austérité suite à la crise financière" de 2008, qui ont pesé sur les services publics, rappelle Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown à l'AFP.
M. Hunt a déjà effacé l'essentiel du "mini-budget" de l'éphémère Liz Truss, qui avait affolé les marchés avec des aides massives à l'énergie et des baisses d'impôts tous azimuts.
Mais le grand argentier veut aller plus loin pour remettre la trajectoire de la dette britannique sur une pente plus soutenable.
"Partout en Grande-Bretagne, des familles font des sacrifices chaque jour pour vivre selon leurs moyens, et les gouvernements doivent faire de même", a prévenu M. Hunt dans un communiqué mercredi soir en amont du budget.
Si le service public de santé (NHS), déjà sous-financé depuis des années, devrait cette fois être épargné, de douloureuses coupes budgétaires sont attendues, de même que des hausses d'impôts.
"Nous nous attendons à voir, probablement, des retards dans certains projets d'infrastructures" dans la présentation budgétaire, a encore estimé jeudi matin sur Times Radio Harriet Baldwin, présidente conservatrice de la commission parlementaire du Trésor, qui appelle toutefois le gouvernement à continuer à investir.
Les géants énergétiques, tels que les majors pétrolières, mais aussi les producteurs d'électricité, qui ont profité de l'envolée des prix depuis le début de la guerre en Ukraine, devraient être mis à contribution via une taxe exceptionnelle plus musclée que celle annoncée en mai par l'actuel Premier ministre Rishi Sunak, alors ministre des Finances de Boris Johnson.
Le gouvernement serait aussi sur le point d'annoncer des gels de certains seuils d'imposition, notamment sur le revenu, ce qui en période d'inflation fera mécaniquement augmenter les recettes fiscales: ce sont des "taxes furtives" selon la presse britannique.
En revanche, les retraites et les allocations pourraient augmenter en ligne avec l'inflation : Rishi Sunak avait insisté sur le fait que la protection des plus vulnérables serait une priorité.
La présentation de jeudi s'accompagnera de nouvelles prévisions de l'OBR, l'organisme public de prévisions budgétaires, qui n'avait pas été consulté avant les annonces de Liz Truss, contribuant à la défiance des marchés. Selon le point .