France: Le président Macron et Élisabeth Borne face à une rentrée agitée
Répercussions économiques de la guerre en Ukraine et conséquences de la météo estivale seront deux des dossiers chauds de la rentrée pour le gouvernement.
Emmanuel Macron et sa Première ministre Élisabeth Borne se préparent à une rentrée agitée, avec des Français rattrapés par les conséquences économiques de la guerre en Ukraine et une opposition en embuscade sur de nombreux sujets.
LIRE AUSSI: France: Réunion lundi du premier Conseil des ministres du gouvernement Borne
Le président et le gouvernement seront de retour au plus tard mercredi pour le Conseil des ministres après une pause estivale bousculée par des incendies sans précédent dans l’Hexagone et des orages meurtriers en Corse.
Face à l’adversité, le ton est donné : « Le fil rouge de la rentrée, ce sera la mobilisation générale », dit-on dans l’entourage du chef de l’État. Avec un mot d’ordre, « la sobriété énergétique ».
Emmanuel Macron a préparé dès le 14 juillet les Français à un automne difficile, avec des risques de pénurie d’énergie attisés par le conflit du gaz avec la Russie. Commémorant vendredi le 78e anniversaire du Débarquement de Provence, le chef de l’État a dramatisé l’enjeu en invoquant « le prix à payer pour la liberté ».
Pour l’exécutif, privé de majorité absolue depuis juin, l’horizon politique s’obscurcit aussi après un premier saut d’obstacles sans trop d’encombres sur le paquet pouvoir d’achat. « Ils ont commencé par un exercice sur des thèmes ’faciles’ comme le pouvoir d’achat. Le plus dur arrive », anticipe à ce titre le politologue Bruno Cautrès.
« Bataille pour le climat »
L’opposition est déterminée à en découdre sur le budget 2023 et des débats houleux s’annoncent sur la réforme de l’assurance-chômage, les retraites ou l’immigration. Avec un dilemme pour le camp présidentiel : « comment maintenir le cap et de gauche et de droite » et « ne pas tomber dans une forme de coalition avec Les Républicains », relève Bruno Cautrès.
Pour autant, l’exécutif se veut confiant. « La rentrée, on l’aborde avec sérénité dès lors qu’il y a un cap clair, de la cohérence et de la constance dans l’action menée ainsi qu’une lucidité totale sur les défis à relever », assure l’entourage du président. Le cap, c’est la « souveraineté », notamment énergétique, la « bataille pour le climat » et « l’égalité des chances ».
Un séminaire gouvernemental consacré notamment à l’écologie se tiendra dans les derniers jours d’août. La Première ministre Élisabeth Borne doit aussi prononcer un « discours fort sur la sobriété et la transition énergétiques » à l’université d’été du Medef fin août. Le chef de l’État lui a demandé de « remettre à l’automne un agenda de planification écologique décliné par mois et années », précise l’Élysée.
Lui-même effectuera un déplacement consacré aux éoliennes offshore début septembre et interviendra sur les sujets d’éducation à la rentrée.
L’immigration au menu de la rentrée
Emmanuel Macron lancera également le Conseil national de la refondation (CNR), qui doit associer élus, acteurs économiques et sociaux et citoyens à la concertation, le 8 septembre sur les thèmes de l’école, de la santé et des services publics.
Autant de thèmes susceptibles de parler au centre gauche, tout comme le débat sur le droit de vote des étrangers initié par le député Sacha Houlié (Renaissance). Sur ce sujet, « le président n’a pas été consulté et il considère que ce n’est pas une priorité », fait toutefois observer un habitué de l’Élysée.
Parmi les sujets plus porteurs à droite, le projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (Lopmi), qui doit apporter 15 milliards d’euros supplémentaires de budget en cinq ans, sera examiné en octobre au Parlement.
Le projet de loi sur l’immigration a lui été reporté en décembre, à la demande de l’Élysée et de Matignon, et sera précédé d’un « grand débat » dans les deux chambres. Sur le budget, le camp présidentiel n’exclut pas d’en passer par l’article 49.3 de la Constitution, qui permet d’adopter un texte sans vote, en engageant la responsabilité du gouvernement.
« À partir du moment où on devine que les NUPES (a minima) vont poser des milliers d’amendements, on voit mal comment on pourrait faire autrement… », concède une députée de la majorité.
« La situation politique est instable », pointe un proche de Jean-Luc Mélenchon, qui voit « deux solutions » : « soit une coalition stable entre Macron et LR, soit à la fin un retour devant les urnes », avec une dissolution.
Source: huffingtonpost