Italie: Macron rencontre Meloni à Rome et lui promet de travailler avec «ambition» et «vigilance»
Jusqu’au bout, l’Élysée a maintenu l’incertitude sur cet entretien, qui s’est tenu en toute discrétion et à l’abri des caméras.
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À peine entrée en fonction, la nouvelle Première ministre italienne Giorgia Meloni a fait ses débuts sur la scène internationale ce dimanche 23 octobre en rencontrant dans la soirée Emmanuel Macron à Rome, lors de son premier tête-à-tête avec un dirigeant étranger.
Jusqu’au bout, l’Élysée a maintenu l’incertitude sur cet entretien avec le président français, qui s’est tenu en toute discrétion et à l’abri des caméras dans le centre de la capitale italienne pendant un peu plus d’une heure, selon huffingtonpost.
« En Européens, en pays voisins, en peuples amis, avec l’Italie nous devrons poursuivre tout le travail engagé. Réussir ensemble, avec dialogue et ambition, nous le devons à notre jeunesse et à nos peuples », a tweeté Emmanuel Macron avec une photo aux côtés de Giorgia Meloni.
Il a toutefois pris soin de tweeter juste avant « Grazie Mario », un remerciement à Mario Draghi, le Premier ministre sortant avec lequel il entretenait une relation étroite. Comme pour prévenir la cheffe du gouvernement le plus à droite depuis la naissance de la République italienne en 1946 que la barre a été placée très haut par son prédécesseur.
L’Élysée a rapporté qu’Emmanuel Macron avait « félicité la Première ministre » lors d’échanges « pragmatiques et constructifs », mais aussi « francs ».
« On va juger un peu sur les actes », « il y a une vigilance, il y a une exigence de la part du président de la République », a souligné son entourage, alors que Paris avait déjà mis en garde la gagnante des élections italiennes sur le respect de l’État de droit.
Des avertissements qui présagent de relations tendues avec l’eurosceptique et souverainiste Meloni. Selon Rome, l’entretien, « cordial et productif », a porté sur « la nécessité de réponses rapides et communes à la flambée des prix de l’énergie » au niveau européen, le « soutien à l’Ukraine » ou encore « la gestion des flux migratoires ».
Les deux dirigeants ont fait part de leur « volonté de poursuivre une coopération sur les grands défis communs au niveau européen dans le respect des intérêts nationaux respectifs », a conclu la présidence du conseil italien dans un communiqué.
Dette et inflation
La visite d’Emmanuel Macron est consacrée à un forum international sur la paix, où il a prononcé un discours ce dimanche, et à une audience avec le pape François prévue lundi matin. Mais il n’a pu contourner le contexte politique italien, avec l’arrivée au pouvoir de la dirigeante post-fasciste à la tête d’une coalition dominée par l’extrême droite.
Les relations franco-italiennes, au beau fixe tant que Mario Draghi dirigeait la Péninsule, risquent de traverser une zone de turbulences avec l’eurosceptique et souverainiste Meloni. Mais Emmanuel Macron avait assuré vendredi être « tout à fait prêt à travailler avec elle ».
Ce dimanche matin, Mario Draghi, très apprécié sur le plan international, avait passé le flambeau à Giorgia Meloni sous les ors du palais Chigi, siège du gouvernement à Rome.
Un siècle après l’arrivée au pouvoir de Benito Mussolini, cette ex-admiratrice du Duce a ainsi pris la tête du gouvernement le plus à droite du pays depuis la naissance de la République en 1946.
Samedi, l’Union européenne, inquiète face à l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite en Italie, pays fondateur de l’Europe, s’est dite prête à « coopérer » avec le gouvernement Meloni.
La Romaine de 45 ans, qui a remporté une victoire historique aux législatives du 25 septembre, a réussi à rendre respectable son parti Fratelli d’Italia (Frères d’Italie) pour accéder au pouvoir à la tête d’un gouvernement de 24 ministres - dont seulement six femmes.
Elle dispose avec ses partenaires de coalition - le dirigeant populiste antimigrants de la Ligue, Matteo Salvini, et le chef déclinant de Forza Italia, Silvio Berlusconi - de la majorité absolue tant à la Chambre des députés qu’au Sénat.
De nombreux défis l’attendent, essentiellement économiques, à commencer par l’inflation et la dette dont le ratio est le plus élevé de la zone euro après la Grèce.
Déjà des fissures dans la coalition de Meloni
La composition du nouveau gouvernement reflète le désir de rassurer les partenaires de Rome. L’ex-président du Parlement européen Antonio Tajani a été nommé aux Affaires étrangères, avec le titre de vice-Premier ministre, tandis que Giancarlo Giorgetti, un représentant de l’aile modérée de la Ligue, déjà ministre dans le gouvernement sortant de Mario Draghi, hérite du portefeuille de l’Économie.
La tâche de Giorgia Meloni s’annonce des plus ardues alors que sa coalition montre déjà des fissures.
Ce dimanche, elle a d’ailleurs appelé son gouvernement à « rester uni » à l’issue du premier conseil des ministres, sur fond de tensions avec Silvio Berlusconi et Matteo Salvini.
Ces derniers renâclent à accepter l’autorité de Giorgia Meloni, dont le parti a remporté 26 % des voix aux élections, contre 8 % pour Forza Italia et 9 % pour la Ligue.
Elle-même atlantiste et favorable au soutien à l’Ukraine face à la Russie, Giorgia Meloni a dû affronter cette semaine les propos polémiques de Silvio Berlusconi, qui a affirmé avoir « renoué » avec le président russe Vladimir Poutine et imputé à Kiev la responsabilité de la guerre.
Giorgia Meloni a rectifié le tir en affirmant que l’Italie fait « pleinement partie et la tête haute » de l’Europe et de l’Otan.
Un message bien reçu à Washington, à Kiev et à l’Otan, dont le secrétaire général Jens Stoltenberg a adressé ses « félicitations » à Giorgia Meloni. Le président américain Joe Biden a dit samedi avoir « hâte » de travailler avec elle.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est dit « impatient de continuer la coopération fructueuse » avec Rome. « Vous n’êtes pas seul ! » lui a répondu Giorgia Meloni : « L’Italie sera toujours aux côtés du courageux peuple ukrainien qui se bat pour sa liberté et une paix légitime ».