Mali : Bamako attend toujours sa réunion d’urgence aux Nations unies
Cela fait dix jours que le Mali demande une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.
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Le 15 août dernier, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a écrit une lettre au Conseil de sécurité, accusant la force française Barkhane d’avoir violé de manière répétée l’espace aérien du Mali.
Une cinquantaine d’incursions illégales depuis janvier dernier, selon Bamako, qui accuse surtout Paris de soutenir des groupes terroristes.
Selon les autorités maliennes, l’armée française livre des armes et du renseignement aux groupes terroristes. En clair : aux branches locales d’al-Qaïda ou du groupe Daech.
Une accusation très grave. Le ministre malien des Affaires étrangères assure dans sa lettre disposer de preuves, mais sans les divulguer, et dénonce une « atteinte à la stabilité et à la sécurité » du pays.
Dix jours plus tard, la réunion que le Mali sollicite de la part du Conseil de sécurité n’a toujours pas été convoquée. A-t-elle des chances de se tenir ?
À ce jour, aucun pays n’a porté la demande malienne devant le Conseil de sécurité. Or, le Mali n’étant pas lui-même membre du Conseil, c’est une condition sine qua non pour que sa requête soit prise en compte. Deux informations communiquées par le siège des Nations unies à New York.
La Russie, membre permanent du Conseil, au même titre que la France, est justement devenue le premier partenaire du Mali dans la lutte antiterroriste. Au début de la semaine, Moscou a bien sollicité une réunion d’urgence du Conseil de sécurité, mais au sujet de l’Ukraine.
Si la demande malienne finissait par être relayée, selon les explications concordantes d’un ancien diplomate en poste à l’ONU et d’un juriste spécialiste des organisations internationales, les griefs du Mali contre la France pourraient soit faire l’objet d’une réunion d’urgence, soit être inscrits à l’ordre du jour d’une prochaine séance du Conseil de sécurité, qui sont presque quotidiennes.
Un pays membre pourrait toujours exprimer son opposition au moment de l’adoption de cet ordre du jour, mais il y aurait alors un vote, pour lequel le droit de veto des membres permanents ne s’appliquerait pas, selon RFI.
En clair, si la France tentait d’empêcher un débat sur le sujet – une stratégie qui ne va pas de soi tant elle aurait les allures d’un aveu –, elle n’aurait presque aucune chance d’y parvenir. « La France peut bloquer une résolution, mais pas une discussion », résume une source.