Mali : Dernière tentative de médiation pour sauver Joliba TV de la fermeture
Au Mali, Joliba TV risque de cesser d’émettre dès ce mardi, une décision qui suscite une vive mobilisation. Refusant de se résigner, la chaîne et les organisations professionnelles maliennes de la presse multiplient les efforts pour inverser la situation.
Cet après-midi, une délégation de la Maison de la presse du Mali a rencontré la Haute autorité de la communication (HAC) pour tenter une ultime médiation.
Cette délégation, composée d’une dizaine de représentants des principales organisations de journalistes du pays, a échangé avec les neuf membres du collège de la HAC. Selon l’un des participants, ils ont dénoncé une décision "disproportionnée et extrême", menaçant non seulement des emplois, mais aussi la liberté de la presse. Malgré la gravité de la situation, le participant se montre optimiste : "Ils ont exprimé de bonnes intentions et promis une réponse rapide. Nous espérons que tout le monde saura apaiser la situation."
Un appel à la solidarité
En parallèle, la Maison de la presse se dit prête à intensifier la mobilisation si aucune solution n’est trouvée. Dès le samedi 23 novembre, elle a menacé d’appeler l’ensemble des médias maliens à rediffuser l’émission controversée, à l’origine de la fermeture de Joliba TV, en signe de protestation et de solidarité.
Cette fermeture, demandée par les autorités burkinabè, fait suite à un débat diffusé il y a deux semaines. Lors de cette émission, un invité avait contesté la crédibilité des accusations de tentative de coup d’État récemment déjouée par Ouagadougou. L’affaire a conduit à l’incarcération d’Issa Kaou N’Djim, qui sera jugé en février pour "offense publique envers un chef d’État étranger".
Joliba TV, qui a reçu le 21 novembre une notification de retrait de sa licence, a immédiatement engagé une procédure de recours. Mais pour l’instant, le signal de la chaîne reste suspendu à une décision qui devrait tomber ce mardi.
Un climat de restrictions
Cette affaire s’inscrit dans un contexte de rétrécissement progressif des libertés au Mali, particulièrement depuis le coup d’État militaire d’août 2020. Plusieurs organisations de défense des droits humains et de la presse, comme Amnesty International et Reporters sans frontières, ont dénoncé à maintes reprises les entraves croissantes à la liberté d’expression dans le pays.
Les journalistes maliens, soutenus par des partis politiques et des organisations civiles, ont exprimé leur colère face à cette situation. "Nous ne nous tairons pas", "Vive la liberté, vive Joliba !", peut-on lire dans les réactions. La quasi-totalité des partis regroupés dans la "Déclaration du 31 mars" appellent les autorités à reconsidérer cette mesure, qu’ils jugent comme une atteinte grave à la liberté d’expression et une décision ternissant l’image du pays.
Pour Joliba TV, cette bataille dépasse leur propre survie. "Si Joliba tombe, tous les médias maliens sont menacés", avertit un dirigeant de la chaîne. À ses yeux, l’avenir de la presse malienne et des libertés fondamentales est aujourd’hui en jeu.