Sahel : Le Mali refuse le rapport de la Fédération internationale pour les droits humains qui l'épingle
Le gouvernement militaire du Mali a rejeté le rapport de la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) faisant état d'abus commis par les forces de sécurité du pays et le groupe paramilitaire Wagner.
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Dans sa déclaration, le gouvernement déplore la position négative adoptée par la FIDH sur les "progrès remarquables réalisés par l'armée malienne dans la lutte contre le djihadisme et la sécurisation de la population malienne".
Dans ses observations, Bamako assure que les forces armées maliennes agissent dans le strict respect des droits de l'Homme et dénonce les accusations sans preuves visant à ternir l'image de l'armée malienne, selon BBC.
Les autorités de la transition nient également tout ciblage ethnique de certaines communautés dans le conflit, et affirment que les violations présumées des droits humains qui leur ont été signalées ont été traitées par la justice militaire.
Que dit le rapport de la FIDH ?
La Fédération Internationale des Droits de l'Homme (FIDH) a dévoilé ce jeudi à Dakar, un rapport documentant les abus commis par toutes les parties au conflit au Mali. Intitulé "Au centre du Mali, victimes et bourreaux vivent ensemble", ce document de 84 pages, faisant état d'exécutions sommaires, de massacres et de viols collectifs, est rejeté par Bamako.
Ces abus ont été commis alors que le Mali a été déstabilisé par un conflit meurtrier de 10 ans, suite à des insurrections djihadistes et indépendantistes.
La situation a nécessité des interventions militaires françaises, Serval puis Barkhane, qui ont pris fin cette année sur fond de tensions avec la junte militaire arrivée au pouvoir après deux coups d'État en 2020 et 2021.
La junte a à ses côtés des paramilitaires du groupe russe Wagner, dont la présence n'est toujours pas reconnue par les autorités maliennes, pour lutter contre les groupes djihadistes.
Selon le rapport, l'État a intensifié les opérations militaires des forces armées maliennes (FAMa) et de leurs partenaires de Wagner, mais le rapport note également l'implication dans le conflit de milices d'autodéfense communautaires et d'insurgés djihadistes affiliés au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Gsim).
Les groupes djihadistes, les milices d'autodéfense, l'armée malienne et les instructeurs de Wagner se seraient livrés à des violences sexuelles dans les régions centrales de Mopti et Ségou, particulièrement touchées par l'augmentation des violences sexuelles décrites dans les témoignages de nombreuses femmes recueillis entre 2021 et 2022.
D'autres témoignages du rapport décrivent les exactions commises par les FAMa et Wagner lors du massacre de Moura entre le 27 et le 30 mars 2022.
Deux fosses communes, contenant des centaines de corps, ont été découvertes par la suite.
Pour le régime malien, les personnes tuées étaient toutes des " terroristes ", alors que selon les informations recueillies par la Fidh, seule une trentaine de djihadistes ont été tués lors du massacre, et des centaines de civils ont été exécutés.
Selon la FIDH, la population est en première ligne de cette spirale de violence et estime que pour briser cette spirale, il faut lutter contre l'impunité et recommande, en plus d'assurer la sécurité, de lutter réellement contre le chômage, qui permet aux groupes armés, notamment djihadistes, de recruter.
Après avoir une première fois décliné toute réaction sur le rapport, sur demande du correspondant de la BBC au Mali, les autorités ont finalement rejeté le rapport.