Sahel.. Vers un acquittement des soldats ivoiriens détenus à Bamako ?
Le président togolais Faure Gnassingbé, médiateur dans le dossier, était mercredi 4 janvier à Bamako et Abidjan. Rien n'est officiellement ressorti de ses entretiens avec les dirigeants malien et ivoirien.
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Tous les signaux semblent au vert pour un dénouement rapide qui pourrait prendre la forme d'une grâce présidentielle.
"Des témoins affirment que les deux présidents n'avaient pas le visage fermé en sortant du palais". À l'image du toujours très bien renseigné Serge Daniel, correspondant régional de RFI, il fallait mercredi 4 janvier s'accrocher aux détails pour tenter de savoir ce qui s'était dit à Koulouba, le palais présidentiel malien, entre le chef de la junte Assimi Goïta et Faure Gnassingbé. Selon le site d'information Maliweb, le président togolais a simplement affirmé : "Je reviendrai et je ferai une déclaration".
L'heure est à la discrétion. À son départ de Lomé direction Bamako, mercredi 4 janvier au matin, la présidence togolaise s'était contentée d'un communiqué évasif pour annoncer le déplacement.
Quelques heures plus tard, les deux dirigeants tweetent leur satisfaction à l'issue de la rencontre. "Je salue le pragmatisme, l’ouverture d’esprit et la sincérité qui caractérisent les relations entre le Mali et le Togo", écrit le chef de la junte malienne, soulignant les "convergences de vue" entre Bamako et Lomé. Le président togolais, quant à lui, souligne "l'accueil chaleureux" qui lui a été réservé et évoque à nouveau les "sujets d'intérêt commun" qui seront abordés à l'occasion de la visite, selon tv5monde.
Mais, sur le fond, aucune précision supplémentaire alors que le principal sujet régional "d'intérêt commun" est arrivé à un point de bascule.
La semaine dernière, les 46 soldats ivoiriens arrêtés au Mali en juillet 2022 ont été condamnés à de très lourdes peines -20 ans de prison- pour "attentat et complot contre le gouvernement", "atteinte à la sûreté extérieure de l'État", "détention, port et transports d'armes et de munitions de guerre ou de défense (...) ayant pour but de troubler l'ordre public et par l'intimidation ou la terreur".
Trois autres militaires, trois femmes libérées fin août pour "raisons humanitaires" ont, elles, écopé de la peine de mort par contumace.
Ce verdict très lourd est, de l'avis général, une manière pour le Mali de ne pas perdre la face dans ce dossier sensible qui crispe la sous-région depuis de longs mois.
Il semble en effet acquis que les soldats ivoiriens vont bénéficier d'une grâce présidentielle. La question est essentiellement de savoir quand.
Escale ivoirienne
Mercredi soir, après Bamako, sur le chemin du retour, le président togolais a fait une halte à Abidjan.
Là encore, discrétion absolue, pas même un tweet. Mais l'on se souvient que, samedi soir lors de ses voeux pour la nouvelle année, le président Alassane Ouattara avait déclaré que "grâce aux actions diplomatiques entreprises avec l'appui de dirigeants de plusieurs pays amis, notamment le président de la République togolaise (...) Les 46 autres soldats regagneront bientôt le sol ivoirien".
Le 22 décembre, une visite à Bamako d'une délégation officielle ivoirienne en présence du ministre des Affaires étrangères togolais s'était déroulée dans un esprit "fraternel". Elle s'était conclue par la signature d'un mémorandum, le ministre ivoirien de la Défense, Téné Birahima Ouattara, frère du chef de l'Etat, soulignant que l'affaire était "en voie de résolution".
Pas de sanctions de la Cédéao contre le Mali
Ne pas contrarier le Mali alors que la crise des soldats ivoiriens est à une étape charnière ? Tandis que Faure Gnassingbé était à Bamako, le président en exercice des États ouest-africains assurait mercredi qu'il n'y aurait pas de sanctions contre le Mali dans l'immédiat.
La Cédéao avait pourtant posé un ultimatum aux autorités maliennes, leur donnant jusqu'au 1er janvier pour laisser repartir les soldats ivoiriens. "Nous avons accordé un temps pour (permettre) à la médiation togolaise de faire son travail, afin de résoudre le problème", a déclaré mercredi 4 janvier Umaro Sissoco Embalo, président en exercice de la Cédéao et chef de l'Etat bissau-guinéen, ajoutant que cette position était "juste une question de bon sens".