Maroc : Le roi annule le sacrifice de l'Aïd, les populations soulagées
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Le roi Mohammed VI a annoncé, le 26 février 2025, l'annulation du sacrifice de l'Aïd el-Kebir pour cette année, une décision saluée par de nombreux Marocains face à une crise économique et climatique persistante.
La sécheresse, qui dure depuis sept ans, a provoqué une hausse des prix des moutons, rendant ce sacrifice de plus en plus difficile pour les familles, notamment celles aux revenus modestes.
Cette mesure n’est pas sans précédent, ayant été prise seulement à trois reprises dans l’histoire du Maroc indépendant, en 1963, 1981 et 1996, dans des contextes de crise.
En 2025, la situation est particulièrement délicate avec un déficit des précipitations de 40,3% entre 2023 et 2024. L'inflation, bien qu'en légère baisse, reste élevée, et le pouvoir d’achat est en baisse.
La décision du roi a été bien accueillie par la population, surtout dans un contexte où la situation économique est fragile et où la majorité des Marocains, confrontés à des coûts de plus en plus élevés, ont du mal à joindre les deux bouts.
L’Aïd el-Kebir, la plus importante fête musulmane, célèbre le sacrifice d’Ibrahim, mais cette année, le roi a rappelé que le sacrifice n'est pas une obligation religieuse.
Il a encouragé les Marocains à célébrer la fête par la prière, l’aumône et le renforcement des liens familiaux. La décision a été particulièrement populaire parmi les familles qui, traditionnellement, sacrifient un mouton, même si cela les oblige parfois à emprunter ou à se sacrifier financièrement.
Si les islamistes du Parti de la Justice et du Développement (PJD) ont salué la sagesse de cette décision, le secteur de l'élevage, particulièrement touché par cette mesure, a exprimé son mécontentement.
Les éleveurs, déjà confrontés à un cheptel en chute libre en raison de la sécheresse, craignent des faillites massives et une crise profonde dans la production animale.
Cette situation difficile est liée à une baisse significative du cheptel national, qui a diminué de 38% entre 2016 et 2025. La crise climatique a entraîné une réduction des pâturages et une hausse du coût des aliments pour animaux, ce qui a contraint les éleveurs à réduire leur nombre de bétail.
Les prix des moutons ont donc atteint des niveaux records, rendant l’achat d’un sacrifice inaccessible pour une grande partie de la population.
Face à cette crise, l’annulation du sacrifice devrait permettre une reconstitution progressive du cheptel national et contribuer à faire baisser les prix de la viande sur les marchés. Néanmoins, la mesure n'est pas sans conséquences économiques pour les éleveurs, qui dépendent largement de cette période de l'année pour leurs revenus.
Ainsi, en 2025, l’Aïd el-Kebir sera célébrée différemment au Maroc, avec une attention particulière portée à l'essence spirituelle de la fête, centrée sur le partage et la solidarité, plutôt que sur le sacrifice.
Beaucoup de Marocains, comme Hind, une cuisinière aux revenus modestes, se contenteront de quelques morceaux de viande achetés au marché, une alternative devenue courante ces dernières années en raison des difficultés économiques, rapporte RFI.