Michel Barnier à l'épreuve : composer un gouvernement dans une France divisée
(Paris) Michel Barnier, tout juste nommé premier ministre, a promis « changements » et « ruptures » dès sa prise de fonction.
Maintenant, il doit s’atteler à la tâche ardue de constituer un gouvernement capable de sortir la France de l’impasse politique née des législatives il y a deux mois.
Dès vendredi matin, il s’est mis au travail, rencontrant son prédécesseur Gabriel Attal et les dirigeants de son parti, Les Républicains (LR), pour envisager les conditions de participation à son futur gouvernement. Des personnalités de gauche ont également été contactées, et des discussions avec des représentants de La France insoumise et du Rassemblement national (RN) sont prévues, car Barnier souhaite rassembler et respecter toutes les forces politiques représentées au Parlement.
« Il faudra beaucoup d’écoute et de respect envers toutes les forces politiques », a déclaré Barnier, en dénonçant le sectarisme comme une faiblesse. Il a promis de prioriser l’école, l’accès aux services publics, la sécurité, la maîtrise de l’immigration, ainsi que des questions liées au pouvoir d’achat et au travail.
Cependant, les défis sont de taille. La dette publique atteint 110 % du PIB, bien au-delà des 60 % recommandés par l’UE, tandis que le déficit public s’élève à 5,5 %, au-dessus des 3 % autorisés par le Pacte de stabilité. Malgré cette feuille de route, la gauche a déjà exprimé son refus de participer à ce gouvernement. Olivier Faure, chef du Parti socialiste, a confirmé qu’aucune personnalité socialiste ne ferait partie de l’équipe de Barnier et a annoncé une motion de censure.
Le Rassemblement national, quant à lui, ne votera une censure que si le gouvernement s’éloigne de leurs attentes sur des sujets comme l’immigration, la sécurité ou la proportionnelle.
L’ancien premier ministre Edouard Philippe a assuré que de nombreux membres de l’ancienne majorité macroniste seraient présents pour soutenir Barnier, mais cela pourrait compliquer la volonté affichée de rupture. Michel Barnier, qui reste membre des Républicains, peut néanmoins compter sur le soutien de son parti. Selon Annie Genevard, secrétaire générale du LR, « le dialogue sera facile ».
Le nouveau premier ministre devra utiliser ses compétences de médiateur, acquises au fil de ses diverses fonctions ministérielles et de son expérience européenne, pour former un gouvernement capable de gérer les crises financières, écologiques et politiques. Vendredi, Michel Barnier et Emmanuel Macron se réuniront pour discuter des détails de la formation du nouveau gouvernement, qui aura pour première mission de finaliser le budget 2025 dans un climat de tensions politiques inédites.
La tâche s’annonce complexe, mais Barnier semble déterminé à mener à bien cette mission délicate, avec l’espoir de surmonter la crise politique la plus grave de la Ve République.