Mostra de Venise: un Prix spécial du Jury décerné au cinéaste iranien incarcéré Jafar Panahi
La Mostra de Venise a envoyé un signal politique contre la censure et le pouvoir iranien en décernant samedi un prix spécial du jury à Jafar Panahi, montrant qu'elle n'abandonnait pas à son sort le réalisateur, emprisonné depuis juillet.
En son absence, le cinéaste a été longuement ovationné debout par le public à Venise, après l'annonce de son prix.
Figure majeure du cinéma iranien empêché par son incarcération de venir défendre son film "Les ours n'existent pas", Panahi, 62 ans, y livre une mise en abyme, celle d'un créateur enfermé dans son propre pays, pour mieux dénoncer l'oppression.
Déjà lauréat du Lion d'or à Venise en 2000 pour "Le cercle", et du Prix du scénario à Cannes en 2018 avec "Trois Visages", trois ans après l'Ours d'Or à Berlin pour "Taxi Téhéran", celui qui a commencé comme assistant d'Abbas Kiarostami est un habitué des sélections.
Mina Kavani, l'une des actrices de son film, a lu un message sur la scène du palais du cinéma: "Nous tous, nous sommes là grâce au pouvoir du cinéma, et pour Jafar Panahi".
Emprisonné en juillet après une condamnation pour "propagande contre le régime", Panahi a adressé la semaine dernière au festival une lettre cosignée avec son confrère Mohammad Rasoulof, lui aussi détenu, dans laquelle ils accusent Téhéran de considérer les cinéastes indépendants "comme des criminels".
"L'histoire du cinéma iranien témoigne de la présence constante et active de réalisateurs indépendants qui ont lutté contre la censure et pour garantir la survie de cet art. Parmi ceux-ci, certains se voient interdire de tourner des films, d'autres ont été contraints à l'exil ou réduits à l'isolement", ont-ils dénoncé dans leur missive.